Le président du Panama, Martin Torrijos, a accordé «l'asile diplomatique permanent» à trois anciens présidents d'Amérique latine et des Caraïbes, recherchés par la justice de leurs pays respectifs, a rapporté vendredi un quotidien local.

Cette mesure concerne Raul Cedras, ancien homme fort du régime militaire en vigueur à Haïti de fin 1991 à 1994, Jorge Serrano Elias, président du Guatemala de 1991 à 1993, et Abdala Bucaram, éphémère dirigeant de l'Equateur (août 1996-février 1997), précise le journal Panamá América.

Elle survient 13 jours avant la fin du mandat de Martin Torrijos et s'applique également aux épouses et enfants des anciens présidents, ajoute le quotidien.

Les trois anciens dirigeants sont installés au Panama depuis les années 90, mais ils ne bénéficiaient pas de l'asile permanent.

Cette décision «ne change rien», «il s'agit seulement de régulariser une situation en vigueur depuis 15 ans dans notre pays», a justifié le ministre des Affaires étrangères Samuel Lewis Navarro.

Les associations de défense des droits de l'homme fustigent au contraire une mesure plaçant ces anciens dirigeants à l'abri des poursuites intentées par les justices de leurs pays.

«Nous ne pouvons plus être l'hôtel cinq étoiles des dirigeants qui viennent ici pour être hors de portée de la justice de leur pays», a dénoncé Angelica Maytin, responsable de la branche locale de Transparency International.

«Nous avons déjà suffisamment de corrompus et de criminels, ce n'est pas la peine d'en importer», a abondé le professeur de droit constitutionnel Miguel Antonio Bernal. «Ce gouvernement transforme le pays en une décharge pour ordures politiques».

Abdala Bucaram, surnommé «le fou», avait été destitué en 1997 par le Congrès équatorien pour «incapacité mentale».

L'ex-général Cedras avait renversé le président d'Haïti, Jean Bertrand Aristide, fin 1991 avant d'être lui-même chassé par une intervention des forces américaines en 1994.

Quant à Serrano Elias, élu en 1991 au Guatemala, il avait été destitué deux ans plus tard, pour avoir dissous le Congrès, la Cour suprême de justice et la Cour constitutionnelle.