Le parlement du Pérou s'apprêtait jeudi à abroger des décrets-lois controversés sur l'Amazonie, marquant la fin prévisible d'une crise de deux mois avec la communauté indigène, qui a fait 34 morts et amené le président Alan Garcia à une vive autocritique.

Le Parlement, au terme d'un débat, devait révoquer deux décrets régissant l'exploitation privée de zones forestières et le régime de propriété des terres, que les communautés indiennes rejettent faute d'avoir été consultés, et parce qu'il y voient une porte ouverte à la surexploitation de l'Amazonie.L'abrogation du texte le plus contesté, le Décret 1090 dit «Loi forestière et de faune sylvestre» - «Loi de la Jungle», comme l'a surnommé la presse - a été demandée au Parlement par le premier ministre Yehude Simon, dans une volte-face de l'État pour renouer le dialogue avec les indigènes, et sortir de la crise.

Simon a également annoncé qu'il démissionnerait une fois le calme revenu et la crise résolue.

Un consensus était manifeste jeudi au Parlement pour voter l'abrogation.

Dans un message à la Nation mercredi soir, le président Alan Garcia a fait l'autocritique de son gouvernement dans la gestion de la question amazonienne. Il a promis de «repartir du début» et d'«entamer un nouveau dialogue (avec les indigènes) en vue d'approuver de nouvelles normes pour protéger l'Amazonie».

«Il est vrai que le décret législatif original n'a pas été fait en consultation avec les communautés autochtones», a déclaré le chef de l'État, admettant ainsi que le Pérou a manqué à ses obligations au terme de la Convention de l'Organisation internationale du Travail (OIT) sur les peuples indigènes.

La crise couvant depuis deux mois entre État et minorité indienne (400.000 environ) a culminé le 5 juin avec des heurts meurtriers entre police et indigènes à Bagua (1.000 km de Lima), violences qui ont attiré l'attention des organisations internationales de droits de l'Homme.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur les peuples indigènes James Anaya est arrivé mercredi au Pérou pour une visite de trois jours.