Mauricio Funes, premier président de gauche élu depuis 20 ans au Salvador, a annoncé le rétablissement «immédiat» des relations avec Cuba dès son discours d'investiture, lundi, en présence de nombreux dirigeants d'Amérique latine et de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

«Les relations diplomatiques, culturelles et commerciales s'établiront immédiatement avec la nation soeur de Cuba», a-t-il déclaré.

Le Salvador avait rompu les relations diplomatiques avec Cuba après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro et demeurait le seul pays d'Amérique centrale à ne pas les avoir rétablies, depuis que le Costa Rica avait renoué avec La Havane en mars dernier.

M. Funes, 49 ans, ancien journaliste, a prêté serment devant le président de l'Assemblée législative du Salvador, Ciro Cruz, et les représentants de plus de 70 délégations internationales, dont la secrétaire d'Etat américaine  et de nombreux présidents latino-américains, dont le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et la Chilienne Michelle Bachelet.

L'absence du président vénézuélien Hugo Chavez a été remarquée: il a annulé son voyage à la dernière minute, pour une raison encore inconnue officiellement, et était représenté par son ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro. Le président bolivien Evo Morales était absent lui aussi.

M. Funes succède au conservateur Elias Antonio Saca, qui ne pouvait pas se représenter car la Constitution interdit deux mandats successifs.

Mme Clinton avait salué la qualité de la transition entre MM. Saca et Funes.

M. Funes avait été élu président du Salvador le 15 mars dernier, mettant fin à 20 ans d'hégémonie de la droite dans ce petit pays d'Amérique centrale. Il était le candidat de l'ex-rébellion armée du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), vaincue en 1992 grâce à l'appui de Washington.

Son frère Roberto avait été tué par la police pendant cette guerre civile de 12 ans, dans laquelle plus de 70.000 personnes ont trouvé la mort.

Le candidat du président Saca, son ancien directeur de la Police nationale, Rodrigo Avila, un ingénieur de 44 ans, avait martelé tout au long de sa campagne qu'une victoire de M. Funes ferait «basculer le Salvador dans le camp du Venezuela de Hugo Chavez», comme le Nicaragua de Daniel Ortega et le Honduras de Manuel Zelaya.

Il avait également affirmé que M. Funes serait «contrôlé» par l'ancienne guérilla marxiste, dont il a choisi un des chefs militaires, Salvador Sanchez Ceren, comme vice-président.

Son gouvernement, dont il avait annoncé la composition dimanche soir, fait une large place à des personnalités extérieures au FMLN. Son épouse d'origine brésilienne, Wanda Pignato, devient secrétaire d'Etat.

Ancien journaliste vedette de la télévision et correspondant de la station américaine CNN, le nouveau président avait promis avant la présidentielle que, s'il l'emportait, le Salvador demeurerait un allié de Washington. Il avait ajouté qu'il ne voyait pas de raison de ne pas «s'entendre» avec le président Barack Obama, dont l'Amérique Latine attend un nouveau dialogue avec les Etats-Unis.