Accepter ou non le retour de Cuba au sein de l'Organisation des Etats américains 47 ans après sa suspension, telle est la question centrale de l'assemblée annuelle des 34 pays membres de l'OEA, organisée mardi et mercredi à San Pedro Sula, au Honduras.

C'est la première fois depuis des décennies que l'OEA étudiera aussi sérieusement ce dossier, même si les divergences apparues lors de réunions préparatoires laissent peu augurer de résultats concrets.

A Washington, le Honduras et le Nicaragua ont présenté un projet de résolution résumant la position de la majorité des pays latino-américains, à savoir la révocation immédiate et sans condition de la résolution de 1962 qui a suspendu Cuba en raison de son virage «marxiste-léniniste».

Les Etats-Unis ont riposté en formulant une contre-proposition permettant à l'OEA de discuter avec Cuba d'un éventuel retour, mais à la condition expresse que l'île communiste se mette d'abord en conformité avec la Charte démocratique de l'organisation.

Tenue à l'écart de ces discussions, Cuba a assuré vendredi qu'elle n'accepterait jamais de réintégrer le «cadavre politique» de l'OEA et prôné la création d'une nouvelle organisation sans les Etats-Unis. Une idée soutenue par d'autres dirigeants de la région, comme le président socialiste et antilibéral du Venezuela, Hugo Chavez.

Malgré ce rejet, des experts américains estiment que certains pays de l'OEA veulent utiliser cette question pour obtenir la levée de l'embargo imposé à Cuba depuis 1962.

«Cela va être un défi complexe pour (Hillary Clinton)», a estimé Michael Shifter, expert au centre de réflexion Inter-American Dialogue. «Je sens que le camp Obama est un peu nerveux. Ils sont conscients que Cuba est un terrain miné».

L'administration démocrate s'en est déjà rendue compte lors du sommet des Amériques, en avril à Trinidad-et-Tobago, qui s'est achevé sans consensus sur la déclaration finale, faute d'accord sur la question cubaine.

Depuis, de nouveaux signes de dégel sont apparus dans les relations américano-cubaines, qui se sont légèrement réchauffées depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche en janvier.

Dimanche, Washington a annoncé que La Havane avait accepté de rouvrir les pourparlers bilatéraux sur l'immigration et l'envoi direct de courrier.

Au-delà de Cuba, la sécurité sera également en bonne position dans l'ordre du jour, comme l'illustre le slogan de cette assemblée, «Vers une culture de la non violence». L'Amérique centrale paye un lourd tribut aux conflits entre cartels pour le lucratif trafic de drogue à destination des Etats-Unis.

L'assemblée a lieu dans la ville de San Pedro Sula, située dans le coeur économique du Honduras, secoué jeudi par un violent tremblement de terre qui a fait sept morts et plus de 100 millions de dollars de dégâts.