Le président bolivien Evo Morales a reçu jeudi le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Amérique latine, rencontre qualifiée par le diplomate américain de «très bon début» vers un retour à la normale des relations entre les deux pays au passé récent conflictuel.

«Nous venons d'avoir un très bon début, et il y a de la bonne volonté de la part des deux gouvernements», a brièvement commenté devant La Presse le secrétaire d'État adjoint, Thomas Shannon, après sa rencontre d'une demi-heure avec M. Morales à la présidence.

«Après les problèmes des années passées dans les relations bilatérales, le grand souhait de ce gouvernement est d'améliorer les relations» avec Washington, a déclaré M. Morales, un des champions du «front anti-américain» en Amérique latine ces dernières années, dans le sillage des dirigeants vénézuélien Hugo Chavez et cubain Fidel Castro, ses mentors déclarés.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, Evo Morales, un Indien aymara, socialiste et anti-libéral, a eu des relations exécrables avec l'administration américaine de George W. Bush, avec un pic en 2008.

En septembre, La Paz expulsait l'ambassadeur des États-Unis Philip Goldberg, et en février dernier le premier conseiller, les accusant de connivence avec l'opposition et de complot contre son régime.

La Paz a aussi expulsé en novembre dernier les fonctionnaires de l'agence anti-drogue américaine (DEA), tandis que Washington plaçait la Bolivie, troisième producteur mondial de cocaïne, sur sa liste noire des pays ne luttant pas assez contre le trafic de drogue.

«La coopération ne devra pas être une coopération de conspiration comme sous le gouvernement Bush, mais toute coopération sans conditions est bienvenue», a déclaré le président Morales.

Les discussions de mercredi et jeudi entre deux délégations fournies, autour de M. Shannon et du chef de la diplomatie bolivienne David Choquehuanca, sont les contacts les plus importants entre les deux pays depuis près d'un an, alors que leurs échanges étaient gérés au niveau des chargés d'affaires.

La Bolivie souhaite un nouvel accord-cadre avec les États-Unis - le dernier, bien qu'actualisé, date de 1951 - et à court terme, de se voir restituer les avantages commerciaux aux pays andins (ATPDEA) retirés par M. Bush en 2008. Ils représentaient quelque 65 millions de dollars d'exportations exonérées de taxes.

Les États-Unis, qui ont dépêché à La Paz William McGlynn, chargé au département d'État de la lutte contre le trafic de drogue mondial, attendent une avancée bilatérale sur ce point. Même si le président Morales a déjà dit par le passé que la DEÀ ne reviendrait «jamais tant (qu'il serait) président».

Selon les deux délégations, le retour d'ambassadeurs à La Paz et Washington ne devait pas être un thème d'actualité dès ce premier round de discussions.