Les Mexicains pouvaient oser lundi pousser un soupir de soulagement: les autorités ont annoncé avec prudence le déclin de la grippe porcine et la réouverture prochaine des commerces, après plusieurs jours d'angoisse

Le ministre de la Santé, José Angel Cordova, a confirmé la «tendance à la régression» de l'épidémie, sans écarter toutefois une «possible résurgence», qui pourrait se manifester dans «les prochains jours ou plus tard».

Le bilan s'établit à 26 morts, soit 4 de plus, et 701 malades contre 568 la veille. Cette hausse est due au rattrapage du retard accumulé dans les analyses médicales des cas.

Originaires pour la plupart de la capitale et de ses environs, les personnes décédées, dont 16 sont des femmes, sont âgées de 21 à 40 ans.

Dans un entretien télévisé dimanche soir, le chef de l'Etat a annoncé que le pays était sur le point de «surmonter» l'épidémie, félicitant les autorités pour avoir géré «rapidement et correctement» la crise.

«Nous sommes en mesure de surmonter cette situation d'urgence si délicate», avait-il déclaré, non sans prudence: «Nous ne crions pas victoire».

Les restaurants et cafétérias vont rouvrir mercredi et les musées jeudi à Mexico, la capitale, une mégalopole de 20 millions d'habitants, qui tournait au ralenti afin d'éviter la propagation du virus A (H1N1).

«Les lieux de restauration pourront reprendre leurs activités à partir du 6 mai en restant soumis aux mesures et recommandations fixées par les autorités sanitaires», a déclaré José Avila, maire adjoint de la capitale.

«Nous devons rester en alerte, les activités vont reprendre peu à peu et non d'un coup», a-t-il tempéré.

Un livret officiel exhorte notamment les propriétaires des établissements à imposer le port du masque aux serveurs et respecter une certaine distance entre les tables, afin d'éviter une forte concentration de clients.

Les autorités avaient décrété le 28 avril la fermeture au public des quelque 35.000 restaurants, ainsi que celle des cafés, bars, cinémas, théâtres et autres discothèques de Mexico.

Les musées, bibliothèques et centres religieux rouvriront leur porte jeudi. En revanche les cinémas, théâtres et discothèques restent fermés jusqu'à nouvel ordre.

Ces mesures de restriction ont représenté chaque jour un manque à gagner de 100 millions de dollars pour les secteurs hôtelier et de la restauration de Mexico, mettant en péril 450.000 emplois.

La fréquentation des hôtels s'est effondrée à 10% dans la capitale et les plages sont désertées, en particulier dans la péninsule atlantique du Yucatan, avec plus de 70% d'annulations.

La crise sanitaire pourrait coûter un demi-point de PIB au Mexique, soit une perte de 70 millions de dollars.

Signe du retour à l'optimisme, la Bourse de Mexico a ouvert lundi matin sur une hausse de 3,06%.

«Cela me paraît très bien en tant que commerçante. Nous n'avions plus de moyens de gagner de l'argent pour nous nourrir», a lancé à l'AFP Leidi Molina, une vendeuse de 23 ans, qui tient une boutique d'artisanat dans le centre de la capitale.

«C'est un soulagement car nous en avions assez d'être enfermés à la maison toute la journée», a renchéri, pour sa part, Ana Maria Rodrigo, professeur, âgée de 40 ans, à Mexico.

Le gouvernement doit encore se prononcer sur le cas des écoles, fermées depuis le 24 avril à Mexico et le 27 dans l'ensemble du pays. Mais la reprise des classes sera graduelle.

Selon le chef de l'Etat, il faut «d'abord les nettoyer».

«Personne ne doit penser que le 6 mai sera le retour à la situation d'avant le virus», a souligné à cet égard M. Avila, excluant la réouverture des classes sans une totale «sécurité sanitaire».