Le président bolivien Evo Morales a poursuivi sa politique de renationalisation, en annonçant vendredi la prise de contrôle d'une filiale du groupe britannique BP spécialisée dans l'approvisonnement des avions en kérosène, annonce symbolique le jour de la fête du Travail.

Par ce décret, «la filiale AirBP est nationalisée», a déclaré M. Morales en apposant sa signature sur le document officiel, face à une foule réunie pour le 1er mai sur la place d'Armes de La Paz, près du siège du gouvernement.

Le président a ordonné aux forces armées et à la compagnie pétrolière nationale YPFB de prendre le contrôle d'AirBP, propriétaire de 12 centres de services et de ravitaillement en kérosène aux aéroports de La Paz, Santa Cruz, Cochabamba, Tarija, Beni et Pando notamment.

Air BP qui a son siège principal à Santa Cruz (900 km à l'est de La Paz), la capitale économique du pays, n'a pas commenté l'annonce dans un premier temps.

Selon le ministre bolivien des Hydrocarbures Oscar Coca, la société britannique s'est déjà mise en contact avec les autorités pour la remise des locaux et un transfert administratif de la filiale.

M. Coca a indiqué à la presse que s'ouvrait une période d'évaluation, sans échéance encore fixée, pour déterminer la valeur des actions d'AirBP en vue d'une compensation.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2006, le gouvernement socialiste d'Evo Morales, en quête d'une reprise en main par la Bolivie de ses ressources naturelles et de son économie, a notamment nationalisé des entreprises des secteurs pétrolier, gazier et des télécommunications.

M. Morales a aussi indiqué récemment qu'il réfléchissait à la nationalisation de l'industrie électrique du pays, actuellement aux mains d'entreprises privées européennes.

Le président bolivien a donné à ce 1er mai 2009 un relief particulier en prenant la tête d'une manifestation d'ouvriers et de paysans, qui avait pour thèmes à la fois les droits des travailleurs et le «terrorisme», en référence à un complot présumé contre le chef de l'Etat déjoué il y a deux semaines.

Trois «mercenaires terroristes» présumés ont été abattus et deux autres arrêtés il y a quinze jours lors d'une opération de police dans un hôtel de Santa Cruz, fief de l'opposition conservatrice.

Deux autres «suspects», proches la frange militante dure de l'opposition de droite dans l'est du pays, ont été arrêtés cette semaine. Et les autorités ont identifié deux autres «témoins» recherchés, dont un avocat, représentant en Bolivie de l'ONG américaine Human Rights Foundation.

L'opposition parlementaire a exprimé ses craintes de voir ce «complot» présumé et l'enquête servir de prétexte à une chasse aux sorcières dans les milieux d'opposition à Evo Morales, à huit mois de la prochaine élection présidentielle.