Washington «n'a aucune autorité morale et politique» pour accuser Cuba de terrorisme, étant lui-même un «délinquant international», a déclaré jeudi le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez après la publication d'un rapport du Département d'Etat.

 «Nous ne reconnaissons aucune autorité politique ni morale au gouvernement des Etats-Unis pour dresser une telle liste, peu importe le sujet, ou pour déterminer les bonnes ou mauvaises conduites», a déclaré M. Rodriguez au cours d'une conférence de presse organisée pour la clôture d'une réunion ministérielle du Mouvement des non alignés.    «Mais je pense que personne ne fait grand cas ni ne lit ces documents parce qu'on sait que leur propre auteur est un délinquant international», a-t-il dit alors que Cuba réclamait son retrait de cette liste.

   Le Département d'Etat américain a publié jeudi son rapport annuel sur les Etats soutenant le terrorisme, y plaçant encore sur sa liste noire Cuba, aux côtés de l'Iran, de la Syrie et du Soudan.

   «Cuba a été victime du terrorisme pendant de nombreuses années. Jamais le territoire cubain n'a été utilisé pour organiser, financer ou commettre des actes terroristes contre les Etats-Unis. Le Département d'Etat ne peut pas en dire autant», a réagi le ministre cubain.

   Il a rappelé le cas de Luis Posada Carriles, un anticastriste cubain condamné au Venezuela à la prison pour un attentat contre un avion cubain qui avait fait 73 morts en 1976. Mais il avait réussi à fuir et à se réfugier aux Etats-Unis où il a été inculpé ce mois-ci pour avoir menti à la justice sur des attentats à la bombe à Cuba. Le Venezuela réclame en vain son extradition.

   «Le gouvernement des Etat-Unis approuve des actes de terrorisme d'Etat commis par Israël contre le peuple palestinien et les peuples arabes et garde le silence sur les crimes commis dans la bande de Gaza», a poursuivi le ministre cubain en qualifiant de «camp de tortures» la base américaine de Guantanamo installée «sur une portion de terre usurpée à Cuba» (sud-est).

   Les Etats-Unis disposent d'un «bail illimité» pour la location d'une base navale à Guantanamo en vertu d'un traité cubano-américain datant de 1903 qui est contesté en vain par le gouvernement cubain.

   Le président américain Barack Obama a promis à la mi-avril de donner une «nouvelle direction» aux relations avec Cuba après 50 ans de confrontation.

   Sa décision de lever les restrictions sur les voyages et transferts de fonds des Cubano-américains vers leur pays d'origine a été accueillie avec prudence par le président Raul Castro, frère et successeur de Fidel, qui réclame la levée de 47 ans d'embargo économique et financier contre l'île des Caraïbes.