Le président du Paraguay, Fernando Lugo, un ancien évêque catholique, a demandé pardon vendredi mais exclu de démissionner à la suite du scandale sexuel déclenché par plusieurs demandes de paternité à son encontre, un an après son élection.

«Cette administration ne subira aucune interruption jusqu'au 12 août 2013», date officielle de la prise de fonction de son successeur, a déclaré M. Lugo au cours d'une conférence de presse au palais présidentiel d'Asuncion.

«Cela n'était pas dans mon intention d'offenser quiconque et si quelqu'un s'est senti mal à l'aise ou blessé, je n'ai pas de mal à demander pardon en reconnaisssant avoir manqué à l'Eglise, au pays, aux citoyens, à ceux qui m'ont fait confiance», a-t-il ajouté.

M. Lugo, 57 ans, a reconnu le 13 avril la paternité d'un garçon de deux ans, conçu alors qu'il portait encore l'habit religieux. Deux autres femmes ont depuis affirmé avoir eu un enfant né d'une liaison avec lui.

Cette affaire a déclenché un scandale dans ce petit pays pauvre d'Amérique du sud, dont 90% de la population est catholique. Plusieurs voix de l'opposition ont appelé à la démission du chef de l'Etat, dont la popularité s'est effritée.

Le président paraguayen, un dirigeant de la gauche qui a mis fin en avril 2008 à un règne de 61 ans du parti conservateur, a dénoncé ceux qui «tissent leurs toiles d'araignée et leurs intrigues sous la table», tout en assurant qu'il ne cacherait pas la «vérité».

«lls devront attendre pour gagner la présidence (...) une victoire légitime aux élections libres, comme nous l'avons fait», a-t-il affirmé, alors que la pression sur son gouvernement ne cesse de se renforcer.

Le vice-président Frederico Franco s'était dit jeudi prêt à succéder au chef de l'Etat si celui-ci venait à démissionner, tout en refusant de se livrer à un «procès politique».

Un sénateur influent de l'opposition, Alfredo Jaeggli, a annoncé vendredi qu'il remettrait au gouvernement un note exigeant la démission du président.

La menace est d'autant plus réelle pour le gouvernement de M. Lugo qu'il ne dispose pas de la majorité au parlement pour applique son programme, une réforme agraire et des mesures de lutte contre la pauvreté et la corruption.

Evêque jusqu'en 1995 de la localité de San Pedro, dans une région déshéritée du nord du pays, M. Lugo a renoncé à l'habit en décembre 2007 pour se présenter à la présidentielle.

A la suite de son élection, il avait reçu du Vatican une dispense pontificale afin de pouvoir exercer sa nouvelle charge politique.

Après l'aveu de sa paternité, deux autres mères ont dit avoir cédé à ses avances, ce que M. Lugo n'a pour l'instant pas confirmé.

Une femme de 39 ans, directrice d'une garderie dans un quartier populaire à la périphérie d'Asuncion et ex-collaboratrice du diocèse de San Pedro, a affirmé mercredi que le président était le père de son fils âgé de 16 mois.

Lundi, une ex-femme de ménage du diocèse, âgée de 27 ans, lui avait demandé de reconnaître qu'il était le père de son garçon de six ans, sous peine de se tourner vers la justice pour le soumettre à un test ADN.

Cette dernière a raconté avoir «été séduite avec de belles paroles», puis «trompée» par M. Lugo qui lui aurait promis le mariage.

Après avoir reproché à l'opposition de s'emparer de cette affaire, le président avait reconnu ses torts. «Nous pouvons avoir des faiblesses, commettre des erreurs ou mettre de côté à un moment donné nos convictions», avait-il dit.

Vendredi, il a toutefois affirmé qu'il ne comptait pas s'étendre sur sa vie privée: «la confession, je la réserve à mes confesseurs».