La Havane ne participera pas au Sommet des Amériques, première grande rencontre des dirigeants latino-américains avec Barack Obama, mais le dossier cubain y sera omniprésent alors que beaucoup dans la région réclament la fin de l'embargo comme preuve de l'évolution de la politique américaine.

A la veille du sommet qui se tiendra du 17 au 19 avril à Trinidad et Tobago et auquel Cuba n'est pas invitée, le président américain Barack Obama a supprimé lundi les restrictions imposées au déplacements des Cubano-Américains sur l'île et aux envois d'argents par ses émigrés aux Etats-Unis.

Bien que Fidel Castro ait minimisé l'impact de cette mesure, une «aumône» selon lui, la décision a été largement interprétée comme le signe d'un rapprochement avec l'île et au-delà, avec l'Amérique latine.

Les pays de la région, du Brésil modéré en passant par le belliqueux Venezuela, prévoient d'ailleurs de remettre sur la table le dossier de l'embargo imposé depuis 47 ans au régime communiste et du retour dans le giron de l'Organisation des Etats américains (OEA) de Cuba, exclue en 1962.

«Nous préparons l'artillerie», a prévenu le plus proche allié de Cuba, le président vénézuélien Hugo Chavez, qui s'est rendu samedi sur l'île pour s'entretenir avec les frères Fidel et Raul Castro du sommet et d'une réunion de l'Alba (Alternative bolivarienne pour les Amériques).

L'Alba, qui rassemble le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Honduras et la Dominique, tiendra jeudi un sommet au Venezuela pour s'accorder sur une position commune à Trinité et Tobago.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui a ouvertement demandé à Barack Obama un rapprochement avec Cuba lors de son passage à Washington en mars, a reçu cette semaine le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodríguez et un groupe de parlementaires américains.

«Cuba sera l'épreuve du feu pour la politique étrangère des Etats-Unis en Amérique latine», a souligné le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim, qui qualifié d'«anomalie» l'exclusion de Cuba de l'OEA.

A la Maison Blanche, on indique que Barack Obama n'évitera pas le sujet s'il est abordé, tout en soulignant que Washington considérerait malheureux qu'il puisse occuper plus de temps que la crise, l'immigration ou le trafic de drogue.

«Obama admet que le dossier cubain est d'une importance particulière pour l'Amérique latine et il devrait annoncer quelque chose en la matière avant d'aller à Trinité et Tobago», estime Peter Hakim, directeur du Dialogue interaméricain, institut d'études basé à Washington.

Obama «sait que des pressions seront exercées pendant le sommet (sur ce sujet) et veut démontrer qu'il commence à changer la politique vis-à-vis de Cuba», mais les latino-américains, ne considéreront pas la levée des restrictions aux voyages comme un grand geste, souligne Peter Kornbluh, historien et spécialiste de Cuba au sein des Archives nationales à Washington.

Barack Obama, qui avait promis lorsqu'il était candidat de lever les restrictions sur les voyages et les transferts d'argent, est cependant resté discret sur la question plus épineuse de l'embargo.

Le Wall Street Journal croit savoir qu'il annoncera à ses homologues sa disposition à discuter d'une amélioration des relations à condition que Cuba adopte des mesures démocratiques.