L'ex-président argentin Raul Alfonsin, à la tête de l'Argentine entre 1983 et 1989 et sous la présidence duquel furent jugés les chefs de la dictature, est mort mardi soir d'un cancer à l'âge de 82 ans, a annoncé son médecin personnel, Alberto Sadler.

«Malheureusement, le Dr Raul Alfonsin est décédé» à 20H30 locales (19H30 HAE), a déclaré le Dr Sadler aux nombreux journalistes rassemblés devant le domicile de l'ex-chef de l'Etat.

Premier chef de l'Etat argentin issu des urnes après la fin de la dictature militaire qui a dirigé l'Argentine entre 1976 et 1983, Alfonsin souffrait d'un cancer du poumon avec des métastases osseuses et avait été considérablement affaibli par une broncho-pneumonie diagnostiquée en fin de semaine dernière.

M. Alfonsin restera comme le président du «Nuremberg argentin», comme on appelle le procès en 1985 des juntes militaires argentines, en référence au procès de nazis après la Seconde guerre mondiale.

Il souhaitait lui-même que les militaires soient jugés par leurs pairs. Mais devant leur refus, un tribunal fédéral de Buenos Aires avait décidé de se saisir du jugement des responsables des juntes militaires.

Le monde avait alors appris, stupéfait, la cruauté des crimes de la junte militaire argentine : quelque 30.000 personnes auront, selon les organisations de défense des droits de l'Homme, été torturées puis exécutées clandestinement.

Le général Jorge Videla et l'ancien amiral Emilio Massera, principaux responsables de la répression, ont alors été condamnés à la prison à vie.

Raul Alfonsin est aussi l'homme de la paix avec le Chili, qui a mis fin au différend sur le canal de Beagle, à l'extrême sud du pays, à l'issue d'un référendum l'autorisant à faire les concessions nécessaires.

Il aura enfin donné au Mercosur, le marché commun de l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, son coup d'envoi et son impulsion en signant avec son homologue brésilien José Sarney un accord sur l'industrie automobile.