Le vice-président américain Joe Biden poursuivait lundi au Costa Rica une tournée diplomatique auprès de chefs d'Etat latino-américains pour distiller le nouveau ton que Washington veut donner à ses relations avec la région, laquelle attend toujours un geste sur Cuba.

Pendant deux jours au Chili, lors d'un forum de «Gouvernance progressiste» puis en visite officielle, M. Biden a préparé le Sommet des Amériques des 17-19 avril à Trinité-et-Tobago, lors d'entretiens avec les chefs d'Etat d'Argentine, du Brésil, de l'Uruguay et du Chili.

A plusieurs reprises, il a évoqué le «renouveau du partenariat», la «nouvelle ère» voulus par Washington avec l'Amérique latine et sa disposition à consulter, non plus s'ingérer. «Par le passé, même lorsque nous dialoguions positivement, nous avions tendance à le faire "pour" l'hémisphère (américain). Aujourd'hui, ce n'est plus "pour", c'est "avec"», a déclaré M. Biden à Santiago. «Le temps des Etats-Unis dictant les choses unilatéralement, le temps où nous parlions mais n'écoutions pas, c'est fini».

Avec la socialiste Michelle Bachelet, comme avec les autres «Progressistes», le vice-président démocrate était en terrain ami à Santiago. Mais la présidente chilienne a livré un satisfecit particulièrement chaleureux sur les premiers gestes de l'administration Obama.

«Les signaux que les Etats-Unis envoient au monde sont ceux que le Chili attendait de cette administration», a-t-elle déclaré. «Nous sommes contents de ce que nous voyons et entendons».

Mme Bachelet a en particulier salué «la visite d'extraordinaire importance» de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton au Mexique sous le signe de la coopération anti-drogue. «Cela nous paraît une inflexion dans la relation avec l'Amérique latine, (d')assumer que la drogue est un problème commun».

Le dossier sensible des relations entre Washington et La Havane a été évoqué par M. Biden, pour qui une levée de l'embargo américain à l'encontre de Cuba, en vigueur depuis 1962, n'est pas d'actualité. Mais le vice-président américain a rappelé les possibilités d'ouverture d'une administration Obama consciente de la nécessité d'un nouveau cap dans sa politique à l'égard de Cuba.

Cuba reste la «grande épreuve», selon l'expression du Brésil, qui marquerait une nouvelle ère des relations avec les Etats-Unis.

A l'image du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, exhortant à la mi-mars le président Barack Obama à se rapprocher de Cuba, ou de Mme Bachelet qui était à La Havane fin février, les dirigeants latino-américains poussent à un rapprochement entre les Etats-Unis et l'île communiste.

Cette activité, à l'approche du Sommet des Amériques, premier grand rendez-vous de Barack Obama avec le sous-continent, alimentera sans doute les spéculations sur un signal fort que son administration pourrait y envoyer sur Cuba.

Signe du climat de bienveillance à l'égard des Etats-Unis, l'ambassadeur auprès de l'OEA (Organisation des Etats américains) du Venezuela, pays dont le président Hugo Chavez était jusqu'à récemment la bête noire de Washington, a estimé dimanche que le sommet serait un «moment idéal» pour de nouvelles relations entre Obama et ses pairs latino-américains.

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