Des morts ressuscités, des électeurs inscrits sur plus d'une liste et des étrangers admis dans les bureaux de scrutin: les élections au Salvador ne se sont pas déroulées sans anicroche. Un groupe d'observateurs québécois l'ont constaté sur place.

Pierre Leblanc, de Gatineau, fait partie d'une délégation d'une trentaine de personnes qui se sont envolées au début de la semaine avec l'organisme Témoins pour la démocratie afin de suivre le déroulement de la joute électorale d'hier. Il a vu des gens tenter de voter plus d'une fois, d'autres être admis aux urnes sans posséder les papiers d'identité requis ou avec de faux documents. «Ce n'était généralement que des fraudes mineures, et dans l'ensemble, le scrutin s'est bien déroulé», a-t-il indiqué, hier, joint par La Presse dans la capitale salvadorienne.

 

«Mais ce qu'on comprend progressivement, c'est que le jeu s'est fait bien avant. Il y a des inconstances très très importantes entre le nombre de personnes qui ont le droit de vote et le nombre qui est effectivement inscrit sur les listes.» L'écart, dit-il, serait de quelque 100 000 noms.

«On nous a dénoncé plusieurs fois l'entrée massive de gens qui habitent dans des pays limitrophes, qui sont venus exprès pour le scrutin mais qui n'ont même pas la nationalité salvadorienne», a aussi déploré Judith Chafoya, une autre observatrice du contingent.

Ces déplacements sont très critiqués par les partisans du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), car ils favoriseraient le parti au pouvoir. Dans la nuit de vendredi à samedi, avec le groupe, Mme Chafoya s'est retrouvée coincée dans un affrontement entre les partisans des deux seules formations en lice. Elle surveillait l'entrée d'un stade où, selon certaines informations, plusieurs de ces «immigrants électoraux» devaient passer la nuit en attendant d'être emmenés par des représentants du parti au pouvoir (ARENA) pour exprimer, illégalement, leur vote. Les deux groupes se sont lancé des pierres et les policiers ont dû intervenir par trois fois pour tenter de calmer les esprits. «Comme il n'y a que deux partis qui s'affrontent, la société se polarise, le climat et tendu. Ce n'est pas une ambiance souhaitable pour un scrutin», a-t-elle dit.

Le groupe fera le bilan du scrutin aujourd'hui et transmettra son compte-rendu aux observateurs officiels de l'Organisation des États américains (OEA).