Les quelque 4,3 millions d'électeurs du Salvador vont décider dimanche s'ils installent un homme de gauche à la tête du pays, dirigé par la droite depuis vingt ans.

Celui qui pourrait réussir ce changement, Mauricio Funes, 49 ans, ancien journaliste vedette de la télévision, partira avec l'avantage de la victoire de son parti, l'ancienne guérilla de gauche du front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), aux élections municipales de janvier dernier.

Face à lui, et en l'absence du président sortant Elias Antonio Saca, à qui la Constitution interdit deux mandats successifs, le parti au pouvoir, l'Alliance républicaine nationaliste (Arena), a confié sa bannière à l'ancien directeur de la Police nationale, Rodrigo Avila, un ingénieur de 44 ans.

Longtemps, les sondages ont donné M. Funes largement favori. Mais à la fin de la campagne électorale, mercredi soir, les deux candidats étaient pratiquement au coude à coude.

Ils savent l'un et l'autre que le vainqueur, qui sera officiellement investi le 1er juin prochain, ne pourra gouverner seul.

Le FMLN sera certes la première formation à l'Assemblée en nombre de députés mais sans détenir la majorité absolue. Si M. Funes l'emporte dimanche, il ne pourra mener le pays qu'en nouant des alliances avec les partis minoritaires, comme c'était déjà le lot de M. Saca. Et ce serait évidemment celui de M. Avila s'il était élu.

Un troisième homme a été présent tout au long de la campagne, marquée par quelques incidents violents entre partisans des deux camps: Hugo Chavez.

M. Avila a affirmé tout au long de la campagne qu'une victoire de M. Funes ouvrirait la porte au «socialisme du XXIe siècle» préconisé par le président vénézuélien, soulignant que c'était déjà le cas au Nicaragua de Daniel Ortega et au Honduras de Manuel Zelaya.

Il a reçu le soutien de 46 congressistes américains qui ont écrit à leur secrétaire d'Etat Hillary Clinton: une victoire de M. Funes serait porteuse de «menaces potentielles pour nos intérêts de sécurité nationale», ont-ils affirmé dans ce courrier en date du 4 mars.

L'intervention des Etats-Unis avait été décisive en faveur du pouvoir actuel dans la guerre civile contre la guérilla, officiellement terminée en 1992, et ils pèsent lourdement sur l'économie «dollarisée» du pays.

M. Funes, lui, a pris soin de s'affranchir de l'influence du Venezuela, et de ménager les Américains et le président Barack Obama. Le candidat a promis que le Salvador demeurerait un allié convaincu de Washington s'il devenait président, et non un «satellite» du Venezuela.

«La gauche que je représente est la gauche salvadorienne», a-t-il martelé.

Le FMLN a «évolué», l'ex-guérilla tient compte des «exigences de l'époque» et a choisi pour slogan le «changement dans la sécurité», a-t-il répété.

Dimanche, les bureaux de vote ouvriront de 7h00 locales (13h00 GMT) à 17h00 (23h00 GMT). Le Tribunal suprême électoral espère annoncer les premiers résultats à 20h00 (lundi 02h00 GMT).

Le scrutin se déroulera en présence d'observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation des Etats américains (OEA).

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