Le président bolivien Evo Morales a mâché une feuille de coca devant les ministres des 53 pays membres de la Commission des stupéfiants de l'ONU, réunis à Vienne mercredi, pour appuyer sa demande de retrait de la liste des substances interdites depuis 1961.

«La feuille de coca n'est pas de la cocaïne, elle n'est pas nocive pour la santé, elle n'engendre pas de perturbations psychiques ni de dépendance», a-t-il plaidé en séance plénière de la 52e réunion de cette Commission au siège viennois des Nations unies, mercredi et jeudi.

 

M. Morales, qui est resté leader syndical des cultivateurs de coca, a ajouté que les feuilles de cette plante étaient cultivées depuis «3 000 ans et qu'elles sont le symbole de l'identité de la culture» des peuples andins.

 

Aussi a-t-il officiellement demandé le retrait des feuilles de coca de la liste des substances interdites tout en demandant qu'y soit inclue la pâte de cocaïne qui n'y figure pas, selon lui.

 

S'adressant aux ministres de la Justice et de l'Intérieur des pays membres de la Commission des stupéfiants, le président bolivien, lui-même cultivateur et «consommateur depuis 10 ans» de feuilles de coca, a averti : «si c'est une drogue alors vous devez me mettre en prison».

 

Evo Morales, premier président bolivien d'origine indienne élu en 2005, se bat contre la stigmatisation de la feuille de coca, dont est issue la cocaïne, mais qui est aussi une plante «sacrée» en Bolivie, à la culture et la consommation traditionnelles ou thérapeutiques (infusion, mastication).

 

«En tant que producteur et président (de la Bolivie) j'ai des responsabilités, je dois défendre une identité, la feuille de coca a quelque chose de sacré», a-t-il ajouté en précisant que quelque 10 millions de personnes mastiquent des feuilles de coca dans les pays andins.

 

L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) réclame depuis des années l'interdiction de la mastication de ces feuilles dont plus de 28 000 hectares sont cultivés en Bolivie, 3e producteur mondial après la Colombie et le Pérou.

 

Les États-Unis ont fermement condamné cette culture en extension. En représailles, le président Morales a expulsé en septembre dernier l'agence américaine de lutte anti-drogue DEÀ du pays.