Deux hauts responsables cubains accusés par le leader Fidel Castro de conduite «indigne» ont annoncé renoncer à toutes leurs fonctions au sein du gouvernement et du Parti communiste, selon une lettre publiée jeudi dans le journal officiel Granma.

Le ministre des Relations extérieures Felipe Pérez Roque et le chef de cabinet Carlos Lage, limogés lundi, ont présenté leur démission de leurs autres fonctions officielles en reconnaissant leurs «erreurs», dans deux lettres datées de mardi et publiées par Granma, organe officiel du PCC, et reproduites dans les autres journaux.

«Je renonce à mes fonctions comme membre du Comité central et du Bureau politique du Parti communiste, à ma fonction de député, de membre du Conseil d'Etat et du vice-président du Conseil d'Etat», écrit Carlos Lage, 57 ans, selon la lettre publiée dans la presse.

«Je reconnais les erreurs commises et en assume la responsabilité. Je considère comme juste et profonde l'analyse réalisée lors de la dernière réunion du Bureau politique», ajoute-t-il sans expliquer ces «erreurs».

Carlos Lage était une figure très populaire du gouvernement, tant sur l'île qu'à l'étranger, pour avoir notamment été l'artisan des quelques réformes économiques des années 1990 dans un pays alors durement touché par la chute de l'URSS.

Felipe Pérez Roque, 43 ans, annonce également renoncer à ses fonctions de député et de membre du Comité central du Parti communiste après avoir «reconnu pleinement ses erreurs amplement analysées» lors de cette réunion du Bureau politique à laquelle «il assistait en tant qu'invité».

Felipe Pérez Roque dirigeait la diplomatie cubaine depuis 1999 après avoir été pendant sept ans secrétaire particulier de Fidel Castro.

Carlos Lage avait été limogé lundi de ses fonctions de chef de cabinet et Pérez Roque de ministre sans explication officielle par le président Raul Castro, qui effectuait son premier grand remaniement ministériel depuis sa nomination à la présidence en février 2008.

Dans un commentaire publié mardi, Fidel Castro, 82 ans, avait affirmé que ces deux hautes figures du gouvernement n'avaient pas été remerciées pour «manque de valeur personnelle» mais pour avoir eu «des ambitions qui les ont conduits à jouer un rôle indigne».

«L'ennemi extérieur était plein d'illusions à leur sujet», avait-il écrit en les accusant d'avoir succombé à l'ivresse du pouvoir.

Les mises à l'écart parfois mystérieuses de personnalités politiques ou militaires ne sont pas rares sur l'île communiste.

En avril dernier, le ministre de l'Education, Luis Ignacio Gomez, qui était en poste depuis 18 ans, avait été aussi accusé par Fidel, dans un de ses commentaires dans la presse, d'avoir «perdu sa conscience révolutionnaire» après avoir été limogé sans explication par son frère Raul. L'ancien ministre avait également alors reconnu ses «erreurs».

Le dernier cas, beaucoup plus grave, remonte à 2006 quand Juan Carlos Robinson, membre du Bureau politique du Parti communiste, avait été condamné à 12 ans de prison pour «trafic d'influence» après avoir été exclu du PCC.

Malgré sa «retraite médicale», Fidel Castro, 82 ans, reste présent sur la scène médiatique par le biais de ses «réflexions» sur l'actualité et la politique cubaine.

Il a affirmé avoir approuvé le remaniement ministériel décidé par son frère Raul et nié une «substitution des hommes de Fidel par les hommes de Raul» comme l'ont vu plusieurs experts.