Le chef de la police de Ciudad Juarez a démissionné, se pliant aux exigences de gangs qui menaçaient sinon d'assassiner au moins un policier tous les deux jours.

Roberto Orduna, secrétaire de la sécurité publique, a annoncé vendredi sa démission quelques heures après la mort d'un policier et d'un gardien de prison. Sur les cadavres ont été retrouvés des signes par lesquels les auteurs indiquaient qu'ils avaient ainsi rempli leur promesse formulée mercredi: tuer au moins un officier toutes les 48 heures jusqu'à ce qu'Orduna quitte son poste. Militaire à la retraite, Roberto Orduna était entré en fonctions en mai dernier, après le départ de Guillermo Prieto. Ce dernier avait lui-même démissionné et fui aux États-Unis après l'assassinat de son directeur des opérations.

Avec ses 1,3 million d'habitants, Ciudad Juarez est la plus grande ville frontalière avec les États-Unis. Très proche d'El Paso, au Texas, elle constitue une porte d'entrée majeure pour les drogues destinées au marché américain.

Le maire José Reyes a assuré vendredi que la municipalité ne céderait pas aux cartels. «Nous ne permettrons pas que le contrôle des forces de police tombe entre les mains de gangs criminels», a-t-il promis.

Cependant, Roberto Orduna a expliqué qu'il démissionnait pour ne pas mettre davantage en péril ses collègues. «Nous ne pouvons pas accepter que des hommes qui travaillent à la protection de nos concitoyens continuent à perdre la vie», a déclaré le secrétaire de la sécurité publique. «C'est pourquoi je présente ma démission définitive».

Ce départ prend effet immédiatement. Un chef par intérim devait être nommé dans la journée et un remplaçant permanent dans les semaines à venir.

Pour la protection d'Orduna, la municipalité avait installé une chambre au commissariat de police afin qu'il n'ait pas à rentrer chez lui tous les soirs. Lorsqu'il se déplaçait, le secrétaire de la sécurité publique utilisait différentes voitures afin de ne pas être repéré.

Depuis le début de la semaine, cinq policiers ont été tués à Ciudad Juarez. Les policiers sont en «alerte rouge»: ils ne doivent pas sortir seuls et, lorsqu'ils patrouillent, ils doivent tenir leur arme à la main.