Le président Raul Castro a entamé mercredi une visite d'une semaine en Russie qui a une importante dimension symbolique après le passage à vide dans les relations bilatérales ayant suivi la chute de l'Union soviétique avec laquelle Cuba avait des liens privilégiés.

Ce déplacement, le premier en plus de vingt ans d'un numéro un cubain en Russie, qui se montre de plus en plus active sur la scène internationale, sera marqué par des entretiens informels jeudi avec son homologue russe Dmitri Medvedev.

Ils se dérouleront à la résidence présidentielle de Zavidovo, non loin de Moscou, où, fait notable, sont reçus les hôtes de marque.

Le lendemain, les présidents se retrouveront, officiellement cette fois, au Kremlin, pour la signature d'accords.

Mais les analystes ne croient pas que ce séjour soit l'occasion de conclure une alliance stratégique comparable à celle ayant autrefois existé, quand des milliards de dollars étaient déversés par les Soviétiques pour soutenir le régime castriste.

«Ce genre de relations ne peut pas se répéter. Elles devraient être plus rationnelles et plus pragmatiques», a expliqué à l'AFP Vladimir Davydov, directeur de l'Institut russe de l'Amérique latine.

Et si Raul Castro a prévu de rester en Russie jusqu'au 4 février, c'est parce que Russes et Cubains ont «besoin de temps pour se comprendre les uns les autres», a commenté cet expert.

Moscou a souligné qu'il ne s'agissait que de son deuxième voyage officiel à l'étranger (après celui en décembre au Venezuela), depuis son accession en juillet 2006 aux plus hautes fonctions à Cuba.

Après qu'il eut ainsi remplacé son frère Fidel, qui s'était de son côté rendu en 1987 en URSS pour le 70e anniversaire de la Révolution d'Octobre, les relations s'étaient d'ailleurs réchauffées avec la Russie.

Celle-ci prenait soin pour sa part d'affirmer que son retour en force dans les Caraïbes ne visait «aucun pays tiers», comprendre les Etats-Unis.

Illustration de l'intense activité déployée en direction de La Havane, des dirigeants politiques, hommes d'affaires et même dignitaires religieux russes y ont défilé ces derniers mois, avec en point d'orgue la visite en novembre de Dmitri Medvedev, la première en huit ans d'un chef du Kremlin.

Un voyage suivi par l'escale en décembre de trois navires de guerre russes, sans précédent depuis l'effondrement de l'URSS, fin 1991, qui avait entraîné une très grave crise économique dans l'île.

Tandis que Fidel Castro avait vertement dénoncé en 2001 la décision unilatérale de Vladimir Poutine, alors président, de fermer une base d'écoutes installée en 1964 à Lourdes, dans la banlieue de La Havane.

Depuis, un virage à 180 degrés a été amorcé, avec la volonté de développer les relations économiques.

La coopération en matière de défense se poursuit parallèlement, surtout que beaucoup d'équipements de l'armée cubaine sont de fabrication soviétique.

En revanche, Moscou n'a pas besoin de bases militaires permanentes à Cuba, ni au Venezuela, avait affirmé en décembre le Premier ministre Vladimir Poutine, sans exclure une telle hypothèse à l'avenir.

En 2006, la Russie a en outre décidé de geler l'épineuse question de la dette cubaine contractée du temps de l'URSS, soit plus de 20 milliards de dollars selon les Russes.

M. Poutine a déclaré la semaine dernière que son pays, le dixième partenaire commercial de l'île, envisageait même de consentir un nouveau crédit de 20 millions de dollars destiné à l'achat de produits russes.

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