L'ancien président cubain Fidel Castro, 82 ans, a prévenu mercredi qu'il restait «bien des interrogations» sur le nouveau chef d'Etat américain Barack Obama malgré «ses nobles intentions», peu après avoir rencontré à La Havane la chef d'Etat argentine Cristina Kirchner.

«Je lui ai dit (à Kirchner, ndlr) que je n'avais personnellement pas le moindre doute sur l'honnêteté avec laquelle Obama, onzième président américain depuis le 1er janvier 1959 (date de la Révolution, ndlr), exprimait ses idées, mais que malgré ses nobles intentions, il restait bien des interrogations», a écrit l'ancien président, qui reste très influent, sur le site officiel cubadebate.cu.

Mme Kirchner avait, elle, rapporté à la presse que Fidel Castro, grand pourfendeur de l'«impérialisme» américain, lui avait dit qu'Obama, favorable à une détente avec l'île communiste, lui paraissait un «homme absolument sincère» et qu'il espérait qu'il puisse «aller de l'avant» avec ses idées.

Fidel Castro n'a plus fait d'apparition publique depuis qu'il a cédé le pouvoir à son frère Raul en juillet 2006 à la suite d'une grave hémorragie intestinale.

«Je l'ai trouvé en bonne forme. (...) Il m'a dit qu'il avait suivi avec attention l'investiture (mardi) de Barack Obama à la télévision», a dit la présidente argentine à l'issue d'une visite de trois jours à La Havane où elle a de nouveau dénoncé l'embargo américain en vigueur depuis 1962 contre Cuba.

Mme Kirchner était le premier chef d'Etat étranger à être reçue depuis novembre par Fidel Castro qui a par ailleurs publié mercredi sa première chronique depuis le 15 décembre.

Ce silence médiatique, ajouté à son absence - hormis un laconique message de 16 mots- lors des fêtes du cinquantenaire de la Révolution le 1er janvier, avait suscité des rumeurs sur une aggravation de son état de santé, classé secret d'Etat.

«Vous croyez que si c'était grave, je serais souriant? Je vais faire prochainement un voyage en Europe et vous pensez que je pourrais partir là-bas si Fidel était mal?», a déclaré à des journalistes Raul Castro venu reconduire Mme Kirchner à l'aéroport de La Havane.

«Il fait de l'exercice, pense beaucoup, écrit beaucoup, me conseille et m'aide», a assuré le général Castro qui doit se rendre en Russie à la fin du mois.

Interrogé plus tôt dans la journée sur Obama, Raul Castro avait répondu, laconique: «il me semble bien, je lui souhaite bonne chance».

Il s'était déclaré au début du mois prêt à ouvrir un dialogue «sans intermédiaire» et d'égal à égal avec Barack Obama, ce qui serait une première entre les présidents en exercice des deux pays en 50 ans de confrontation.

Mais il avait dans le même temps déclaré douter d'un changement de la politique américaine en estimant, comme son frère dans une «réflexion», qu'Obama ne pouvait à lui seul changer un «empire».

Il avait été encore plus tranchant lors des cérémonies du cinquantenaire de la Révolution, en appelant ses compatriotes à résister au «chant des sirènes de l'ennemi» américain qui «ne cessera jamais d'être de par sa nature agressif, dominateur, traître».

M. Obama a de son côté souligné avant son investiture être disposé à alléger l'embargo pour les exilés cubains, mais aussi à dialoguer si Cuba, qualifiée de «dictature» par son prédécesseur George W. Bush, faisait des progrès en matière de droits et libertés.

Le président du Parlement cubain Ricardo Alarcon avait été mardi le premier responsable cubain à réagir à l'investiture d'Obama en mettant en doute sa capacité à répondre aux attentes créées.

bur-sb/ep