La guérilla colombienne des Farc a annoncé dimanche qu'elle avait l'intention de libérer six de ses otages, une première initiative depuis l'opération militaire du 2 juillet qui avait libéré 15 otages, dont Ingrid Betancourt, mais gelé tout dialogue avec les rebelles.

«Nous annonçons la libération prochaine unilatérale de six prisonniers», lit-on dans un communiqué daté du 17 décembre, signé par le bureau politique des Forces armées révolutionnaires de Colombie et diffusé par l'agence Anncol, souvent utilisée pour véhiculer ses messages.

Cette libération se déroulera en deux étapes: d'abord celle des quatre membres des forces de sécurité - trois policiers et un militaire - puis celle des deux responsables politiques - l'ancien gouverneur de la province de Meta, capturé en 2001 Alan Jara, et le député Sigifredo Lopez, enlevé en 2002.

Les Farc précisent également que les otages seront remis à une «commission», dirigée par la sénatrice d'opposition Piedad Cordoba.

«Les conditions - comment, quand et où - seront précisées en temps utile», a ajouté la guérilla.

Interrogée par la radio colombienne RCN, Piedad Cordoba a souhaité l'aide du président vénézuélien Hugo Chavez pour faciliter cette libération.

Sur ce point, «il faut consulter le gouvernement», a-t-elle ajouté.

Le président Alvaro Uribe avait abruptement mis fin à la précédente mission de médiation à laquelle participait Caracas en 2007, avant même qu'elle ne débouche, au début de l'année, sur la libération unilatérale de six otages, dont Clara Rojas, l'ex-directrice de campagne d'Ingrid Betancourt.

Mme Cordoba a estimé qu'il «ne serait pas facile», d'organiser la remise des otages avant la fin 2008: «Ils nous diront quand, mais je pense que cela se produira certainement au cours des premiers jours de janvier».

Les six otages appartiennent au groupe de 28 otages dits «politiques», c'est-à-dire échangeables du point de vue de guérilla contre quelque 500 de ses combattants capturés par les autorités.

Au début de l'année 2008, la guérilla marxiste comptait encore 350 à 700 otages, dont 50 «politiques».

Six ont depuis été libérés unilatéralement dans le cadre de la médiation menée par Piedad Cordoba.

Quinze l'ont été le 2 juillet lors de l'opération militaire Jaque, au cours de laquelle la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains avaient recouvré la liberté. Un dernier otage a réussi à prendre la fuite avec un déserteur, le 26 octobre.

Le 6 décembre, le président Uribe a assuré détenir des informations indiquant que les Farc «faisaient des plans» pour libérer d'autres otages.

«Le gouvernement est informé du fait qu'ils font des plans en vue d'une nouvelle libération humanitaire», avait-il affirmé: «Par avance, nous disons, nous ne l'acceptons pas, c'est une véritable farce», a-t-il déclaré. Dimanche soir, il n'a pas réagi.

L'annonce des Farc intervient en réponse à un dialogue proposé par un groupe de personnalités de gauche, dont Piedad Cordoba, le 19 septembre.

La guérilla avait accepté d'entamer l'«échange épistolaire» proposé par ces quelque 150 intellectuels qui le lui avaient demandé, début décembre, si elle était prête à renoncer aux enlèvements.

Les Farc, dans leur communiqué, souhaitent que cet échange débouche à terme sur une «rencontre des forces politiques et sociales intéressées par le changement» en vue de la conclusion d'un accord de paix.

C'est la première initiative concrète du mouvement marxiste depuis l'opération Jaque et depuis qu'Alfonso Cano a succédé à son fondateur historique, Manuel Marulanda, dont la mort a été annoncée en mai.

La guérilla fondée en 1964 compterait encore entre 7 000 et 10 000 combattants selon les estimations.