Le parlement vénézuélien, dominé par la majorité du président Hugo Chavez, commence jeudi à débattre d'une proposition d'amendement de la Constitution qui lui permettrait de se représenter à la présidence indéfiniment et de poursuivre sa «révolution bolivarienne».

La législation actuelle interdit au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat: par conséquent M. Chavez, réélu en 2006, devra céder le pouvoir en 2012 si la Constitution n'est pas modifiée par l'amendement proposé.

Cette proposition concernera seulement l'article 230 de la Constitution, selon la présidente du parlement, Cilia Flores, et stipulera que «le mandat présidentiel est de six ans» et que «le président ou la présidente peut être réélu ou réélue».

L'Assemblée nationale, contrôlée par les partisans du président Chavez, fera deux lectures de la proposition, avant de la présenter au Conseil national électoral qui convoquera un référendum dans un délai de 30 jours, a indiqué Mme Flores la semaine dernière.

«Je me suis persuadé que, indépendamment de ce que disent mes adversaires, je dois rester quelques années de plus à la tête du gouvernement du Venezuela», notamment pour poursuivre la «révolution bolivarienne», a récemment expliqué le président vénézuélien.

M. Chavez a également proposé que le projet d'amendement soit présenté par l'Assemblée nationale pour accélérer le processus afin qu'un référendum puisse se tenir entre février et mars 2009.

La présentation du projet d'amendement au parlement a été saluée la semaine dernière par les députés qui ont chanté debout et en choeur «Ouh! Ah! Chavez ne s'en va pas!».

Une réforme de la Constitution peut être proposée par 30% des élus de l'Assemblée nationale, ou, selon le cas, par 15% des électeurs inscrits, ou sur proposition du président en Conseil des ministres.

Parallèlement à l'examen parlementaire, le président Chavez a demandé à ses partisans de récolter des signatures en vue de démontrer symboliquement que l'initiative dispose du plein soutien populaire.

M. Chavez a le premier apposé sa signature sur la pétition à l'occasion d'une cérémonie solennelle, organisée sur la place Bolivar à Caracas, au pied de la statue du héros de l'indépendance sud-américain.

Une marche de milliers de militants «chavistes» est attendue dans la journée de jeudi à Caracas jusqu'à l'Assemblée nationale où seront recueillies les signatures. L'Assemblée nationale a annoncé qu'elle ne ferait pas de trêve en décembre et qu'elle encouragerait à porter les débats dans la rue.

De son côté, l'opposition se mobilise et resserre ses rangs sous une direction conjointe pour battre la campagne contre l'amendement, alertant du risque de voir une même personne se maintenir au pouvoir sans limites.

Hugo Chavez, 54 ans, élu il y a dix ans, s'est déclaré «prêt» à gouverner «jusqu'en 2021», année symbolique qui marquera le bicentenaire de la dernière grande bataille pour l'indépendance du Venezuela.

En 2007, les électeurs avaient rejeté par référendum un projet de nouvelle Constitution voulue par le président Chavez, et dont le texte abolissait déjà la limitation à deux, du nombre de mandats présidentiels.

Le mouvement estudiantin, qui fut très actif contre le projet de réforme constitutionnelle, a annoncé de nouvelles actions en opposition à cette proposition d'amendement.

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