Après un succès en demi-teinte aux élections régionales, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a repris l'offensive en relançant un projet d'amendement constitutionnel, afin d'obtenir le droit de se représenter indéfiniment.

«Aujourd'hui démarre l'offensive. Aujourd'hui commence la bataille pour l'amendement constitutionnel», a lancé lundi M. Chavez, qui assistait à la prise de fonction du nouveau gouverneur régional de l'État d'Aragua (centre).

Le chef de l'État avait annoncé la veille à Caracas avoir autorisé sa formation politique, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) à «lancer le débat et les actions pour obtenir cet amendement constitutionnel et la réélection du président».

Le dirigeant de 54 ans, qui ne cache pas son admiration pour la longévité politique de son mentor cubain Fidel Castro, s'était dit «prêt» à gouverner «jusqu'en 2021», date symbolique qui marquera le bicentenaire de la dernière grande bataille d'indépendance au Venezuela.

«Je suis prêt à être avec vous, si Dieu le veut et me donne la santé, jusqu'en 2019, jusqu'en 2021», avait annoncé M. Chavez, qui fêtera jeudi les dix ans de sa première élection à la tête de ce puissant État pétrolier.

La législation actuelle interdit au président de briguer un nouveau mandat. Réélu il y a deux ans, il doit en principe abandonner les rênes du pouvoir en 2013.

Il y a un an, l'homme fort du Venezuela avait déjà proposé aux électeurs d'adopter une nouvelle Constitution qui jetait les bases d'un modèle collectiviste et surtout supprimait la limite des mandats présidentiels.

Cette tentative avait été rejetée d'une courte tête par référendum, constituant le premier revers électoral du chef de l'État. Il semblait alors avoir accepté le verdict des urnes, assurant qu'il n'«insisterait pas sur ce thème».

Les élections régionales du 23 novembre, présentées par les observateurs comme un test pour sa révolution «bolivarienne», ont marqué un revirement.

Le gouvernement, dont les partisans contrôlent le parlement, avait averti à l'avance qu'en cas de succès probant, le PSUV présenterait un nouveau projet de révision constitutionnelle.

Le parti gouvernemental n'a remporté qu'une victoire relative à ce scrutin local, gagnant dans la plupart des États, mais essuyant des défaites dans les plus peuplés et les plus riches, ainsi que dans la capitale.

Selon le politologue vénézuélien Luis Vicente Leon, de l'institut privé Datanalisis, «les symboles remportés par l'opposition sont plus importants que prévu» car les États qu'elle dirige représente 70% de l'activité économique du pays.

Ces résultats ont ravivé la détermination du chef de l'État qui accuse régulièrement ses détracteurs de conspirer contre lui avec l'aide des États-Unis, depuis le coup d'État avorté d'avril 2002.

«Maintenant, on voit plus clairement la grande menace qui s'avance devant le peuple vénézuélien avec ces fascistes», avait-il commenté après le scrutin régional.

Le calendrier et les modalités de la future réforme constitutionnelle, qui promet d'ores et déjà une bataille d'experts juridiques, n'ont pas été précisés.

M. Chavez, qui jouit toujours d'une forte popularité de plus de 50% auprès de la population selon les sondages, a appelé ses partisans à prendre les «actions nécessaires au Parlement et dans la rue».

Selon l'analyste politique, John Magdaleno, la relance de la réforme constitutionnelle consiste pour le président vénézuélien à prendre de court l'opposition.

«Avant que la crise économique et les résultats électoraux n'offrent un terrain favorable à l'opposition, Chavez a laissé ouverte une fenêtre d'opportunité», a-t-il estimé.