L'ex-otage des Farc Ingrid Betancourt est arrivée samedi en Colombie, son premier séjour dans le pays depuis sa libération en juillet et la première étape d'une tournée latino-américaine destinée à promouvoir «une action extraordinaire» pour le désarmement de la guérilla marxiste colombienne.

L'ex-candidate écologiste à la présidentielle colombienne, libérée le 2 juillet après plus de six ans de captivité, est arrivée à Bogota peu après 16h00 locales, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Je suis très heureuse d'être ici», a-t-elle glissé à une des hôtesses de l'aéroport El Dorado. Mme Betancourt a été reçue un peu plus tard par le président Alvaro Uribe.

Selon un communiqué diffusé dans la soirée par son assistante Marie Duval, Ingrid Betancourt se rendra ensuite en Equateur, au Pérou, au Chili, en Argentine, au Brésil, en Bolivie et au Venezuela.

«Ingrid Betancourt va demander aux chefs d'Etat et de gouvernement du continent latino-américain et à toute la communauté internationale de promouvoir une action extraordinaire pour demander aux Farc de déposer les armes et de prendre le chemin de la démocratie», précise le communiqué.

Sa plus importante mission «est d'obtenir la libération de tous ses compagnons de captivité et de tous les otages colombiens», précise aussi le texte, dans lequel elle souhaite «que l'on parvienne bientôt à la concorde et la paix dans cette chère nation», conclut le communiqué.

Un responsable de l'ex-Ficib (Fédération des comités de soutien à Ingrid Betancourt) avait précisé plus tôt à Paris que Mme Betancourt faisait ce déplacement dans le cadre de sa future fondation consacrée aux droits de l'Homme.

Interrogé sur son étape en Colombie, le responsable d'un autre comité de soutien, Hervé Marro, avait noté que «la Colombie lui manquait énormément», mais qu'elle n'y resterait pas longtemps, précisant que ses enfants craignaient pour sa vie.

Ingrid Betancourt avait quitté ce pays le 3 juillet, après plus de six ans de captivité et au lendemain de sa libération dans le cadre de l'opération «Jaque» de l'armée colombienne, qui avait permis aussi le sauvetage de 14 autres otages de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

Elle n'y était pas retournée depuis, évoquant des «raisons de sécurité».

Vendredi, elle n'a ainsi pas pu participer à un défilé de quelque 10 000 personnes dans la capitale colombienne pour réclamer la libération des 2 801 otages colombiens encore entre les mains des groupes armés.

Elle a en revanche participé à un rassemblement à Madrid, où elle a appelé les Farc à abandonner les armes et à libérer tous les otages.

En Colombie certains avaient critiqué son absence prolongée, estimant qu'elle devait lutter sur place pour les otages, et non à l'étranger.

Interrogée mi-novembre sur la situation politique dans le pays, Ingrid Betancourt avait estimé que «la polarisation y est extrême» (entre les partisans du président Alvaro Uribe et ceux de la guérilla marxiste).

«Il faut que les Colombiens apprennent à travailler dans l'unité. Il faut rassembler la Colombie dans un projet qui inclut l'autre, pour que la démocratie soit réelle», avait-elle affirmé en marge d'une conférence sur le dialogue religieux à Nicosie.

Elle a aussi estimé que l'élection aux Etats-Unis du démocrate Barack Obama, dont Alvaro Uribe est loin d'être aussi proche qu'il l'est des Républicains, était «formidable» pour la Colombie.

Elle a cependant assuré qu'elle ne souhaitait plus jamais refaire de la politique en Colombie.