Quelque 10 000 indigènes qui avaient marché sur Bogota pour réclamer des terres et le respect de leur neutralité dans le conflit colombien ont commencé à rentrer chez eux, après quatre jours dans la capitale et des discussions avec le gouvernement qui n'ont pas encore abouti.

«Nous avons achevé ce séjour, mais le travail continue et c'est avec ce sentiment que nous rentrons», a déclaré à des journalistes Luis Evelis Andrade, président de l'Organisation nationale des indigènes de Colombie (ONIC).

Une petite délégation représentant les autochtones restera à Bogota pour des discussions avec les autorités, et notamment avec le président président Alvaro Uribe.

Les indigènes, qui représentent au total 3% des quelque 44 millions de Colombiens, ont entamé à la mi-octobre un mouvement de protestation pour réclamer des terres qui leurs sont dues selon eux depuis plus de 15 ans.

Plusieurs manifestations ont débouché sur les affrontements avec la police, se soldant par trois morts parmi les autochtones et 200 blessés dans les deux camps.

Après une première marche dans le sud-ouest du pays, jusqu'à la ville de Cali (450 km au sud-ouest de Bogota), ils ont poursuivi à bord de camions jusqu'à Bogota, où ils sont arrivés jeudi et espéraient rallier étudiants et syndicats.

Vendredi, quelque 5.000 autochtones ont ainsi manifesté non loin du Palais présidentiel et samedi 300 de leurs représentants se sont entretenus avec plusieurs ministres. Pour cette réunion, ils avaient demandé la présence d'observateurs internationaux, dont la France, la Suisse, l'Espagne ou encore la Suède, mais le gouvernement a refusé.

Concernant la dispute territoriale, les autorités affirment que les indigènes possèdent déjà 27% du territoire, mais ces derniers répondent que 60% de ces terrains, situés en pleine jungle, ne sont pas cultivables.

Les autochtones déclarent aussi que leur neutralité est trop souvent bafouée par les acteurs du conflit colombien (guérillas, armée, paramilitaires et narcotrafiquants).

Selon l'Organisation nationale des indigènes de Colombie (Onic), plus de 1 200 indigènes ont été assassinés depuis 2002 et plus de 50.000 ont été déplacés.