Huit policiers ont été blessés et dix personnes prises en otage dimanche en Colombie par des manifestants furieux d'avoir été ruinés à la suite de la fermeture de sociétés d'épargne pyramidale frauduleuse, a-t-on appris de source policière.

À Orito, dans le département de Putumayo (sud), des habitants retenaient quatre policiers et six autres personnes en les accusant de chercher à voler leur argent, a annoncé le colonel Orlando Polo, responsable de la police locale. L'épargne pyramidale consiste à verser les intérêts promis aux épargnants --dépassant souvent les 150%-- avec l'argent de nouveaux clients. Elle aboutit souvent à la faillite des sociétés qui la pratiquent ou à la fuite des gérants avec les économies de leurs victimes.

En Colombie, la fermeture brutale à la mi-octobre de l'une de ces sociétés, DRFE, puis la fermeture administrative d'une autre, DMG, a entraîné la ruine de centaines de milliers de personnes, jusqu'à deux millions selon certaines estimations, et des manifestations de colère quasi-quotidiennes.

Le 17 octobre, le gouvernement colombien a même décrété «l'état d'urgence économique et sociale» pour lutter contre les conséquences de ces faillites.

Selon le colonel Polo, des représentants du parquet, du médiateur, de la police et du gouverneur du Putumayo étaient en route dimanche à la mi-journée pour tenter de faire libérer les dix personnes retenues en otage, parmi lesquelles des employés d'une de ces sociétés.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des centaines de victimes ont également manifesté à Honda (150 km au nord-ouest de Bogota) contre la fermeture de deux filiales de ces sociétés d'épargne frauduleuse. La foule a pris d'assaut leurs magasins et pillé tous les biens qui s'y trouvaient.