Les Vénézuéliens ont voté dimanche pour élire leurs gouverneurs, maires et conseillers régionaux et municipaux, un scrutin dont l'enjeu dépasse la dimension régionale, Hugo Chavez l'ayant centré autour de sa personne et de ses idées socialistes, dix ans après son élection.

Dix-sept millions de Vénézuéliens en âge de voter étaient appelés à se rendre dans les bureaux de vote, ouverts entre 06h00 et 16h25.

Compte tenu de l'affluence, certains bureaux sont restés ouverts plus tard, pour recevoir les électeurs arrivés avant 16h25, l'heure officielle de fermeture, a précisé vers 17h00 le Conseil national électoral, qui n'était pas en mesure de préciser si beaucoup d'incidents logistiques s'étaient produits.

A la mi-journée, le président Hugo Chavez a assuré que le vote se déroulait sans incidents et a promis de respecter «la voix de la nation».

«Honneur au vaincu, gloire au vainqueur et demain le Venezuela continuera sa route», a-t-il déclaré.

Dès l'aube, des centaines de personnes se sont pressées devant les écoles aménagées en centre de vote.

Auparavant, les partisans du président avaient réveillé les électeurs à coups de clairon. «Nous voulons le socialisme.

Dieu a dit qu'il souhaitait que tous les hommes soient égaux», témoignait Maria Teresa Padron, 80 ans, prête à voter à Petare, quartier pauvre de Caracas.

«Chavez écrase la démocratie. Il trompe le peuple», lui répondait Cesar Rodriguez, un autre électeur.

Pour ce douzième scrutin depuis son élection en 1998, M. Chavez s'est pleinement investi, arpentant tous les Etats, ouvrant des hôpitaux, inaugurant une autoroute ou un aéroport.

Qualifiant ses opposants de «traîtres», il a menacé d'appeler l'armée en renfort s'ils ne reconnaissaient pas leur défaite.

M. Chavez a assimilé le scrutin à un plébiscite sur sa gestion. «C'est l'avenir de la révolution qui est en jeu, l'avenir du socialisme, du Venezuela, du gouvernement révolutionnaire et d'Hugo Chavez», a-t-il dit.

Même s'il bénéficie encore d'une forte popularité --55% d'opinions favorables selon son mouvement, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV)-- il doit cette fois affronter une opposition plus soudée qui a réussi à présenter des candidats uniques dans la plupart des 22 Etats en jeu et dans les 328 mairies.

Renforcée par l'échec en décembre 2007 du référendum constitutionnel proposé par le gouvernement, l'opposition a fait du scrutin de dimanche un test national, «un marathon vers la liberté». Elle répète qu'un échec des chavistes les dissuadera de tenter à nouveau de modifier la Constitution pour permettre à M. Chavez, en principe au pouvoir jusqu'en 2013, de briguer un nouveau mandat.

Outre l'opposition, les candidats du président doivent également affronter pour la première fois des dissidents de leur propre coalition, qui se présentent dans huit Etats.

La personnalisation du scrutin autour d'Hugo Chavez a enterré les sujets les plus gênants pour son gouvernement comme l'insécurité ou encore la vie trop chère pour beaucoup de Vénézuéliens, dont presque 40% vivent sous le seuil de pauvreté malgré la rente pétrolière.

Les instituts de sondages pronostiquent une victoire du PSUV en nombre mais insistent sur l'importance symbolique de certaines villes ou Etats que se disputaient les deux camps. L'opposition cherche à conserver Zulia (nord-ouest),

Etat le plus riche, et sa capitale Maracaïbo, son bastion. Elle tente d'arracher Sucre, grand quartier pauvre de Caracas.

L'opposition contrôle actuellement deux Etats sur les 22 du pays, où le scrutin avait lieu. Quatre sont entre les mains de dissidents du chavisme.