Les partisans du président nicaraguayen, Daniel Ortega, ont préparé un grand rendez-vous public vendredi après-midi sur la place de la Révolution, à Managua, pour célébrer leur victoire aux élections municipales du 9 novembre, proclamée officiellement la veille.

Dans le camp des vaincus, au sein de l'opposition, on persiste à réclamer l'annulation du scrutin qui donne une majorité accrue de 18 nouvelles villes au Front sandiniste de libération nationale (FSLN) de M. Ortega, en dénonçant des «fraudes», et en comptant sur le poids de la communauté internationale.

Les partisans de M. Ortega avaient été des milliers à écouter les résultats officiels du scrutin jeudi soir, devant le siège du Conseil suprême électoral (CSE).

Vendredi après-midi, le FSLN les invitait à se retrouver vendredi au Palais de la Révolution pour fêter la victoire.

Cette victoire, qui donne 105 municipalités sur les 146 en jeu au FSLN, soit 18 nouvelles villes, est contestée à la fois par l'opposition conservatrice et libérale, dont la principale formation, le Parti libéral constitutionnaliste (PLC), dénonce des «fraudes», mais aussi par une partie de la communauté internationale.

L'ONU, l'Union européenne (UE), les Etats-Unis et l'Organisation des Etats américains, qui siège à Washington, ont noté un manque de «transparence».

«Personne ne gagne dans ce qui s'est passé. Ni le Nicaragua, ni l'Amérique centrale, et l'Amérique latine non plus», a déclaré un diplomate européen à l'AFP.

«C'est potentiellement très dangereux», a-t-il ajouté, concédant toutefois que «l'influence de la communauté internationale est limitée» en la circonstance.

L'ancien président nicaraguayen Arnoldo Aleman, condamné à 20 ans de prison pour corruption en 2003, mais qui conserve une liberté de mouvement à Managua et une grande influence à la tête du PLC, a été très virulent.

Pour lui, l'annonce de la victoire du FSLN «approfondit la crise» et «crée une anarchie politique totale», a-t-il déclaré à l'AFP, affirmant que le PLC allait continuer à réclamer l'annulation des municipales par tous les moyens.

Le CSE a déjà rejeté le recours du PLC qui réclamait un nouveau décompte des suffrages et une vérification des rapports des bureaux de vote.

Reste à l'opposition l'espoir de voir sa requête en annulation adoptée par l'Assemblée nationale, où elle a déposé une proposition de loi à cet effet.

Mais le CSE a déjà averti les députés qu'une telle loi serait «anticonstitutionnelle», car c'est à lui que les textes donnent pouvoir de valider ou d'invalider un scrutin, a-t-il souligné.

La tension n'a fait que croître au Nicaragua depuis le jour du scrutin. Des incidents quasi-quotidiens entre partisans du gouvernement et de l'opposition ont fait plusieurs blessés.

L'opposition manifestait depuis le jour du scrutin en réclamant l'annulation des municipales, accusant le gouvernement de «fraude». Les sandinistes manifestaient aussi, mais au contraire pour presser le CSE d'officialiser leur victoire. Et ils occupaient les principaux carrefours de la capitale, en y organisant des «prières contre la haine» qui avaient surtout pour effet de dissuader les opposants de descendre dans la rue.

Le clergé nicaraguayen, qui avait lui aussi demandé un réexamen des résultats, a appelé pour dimanche à une procession de prières pour la paix. Une «marche politique», a-t-on commenté de source proche du gouvernement.

«Il ne me semble pas prudent d'organiser une procession quand les eaux sont si agitées, même en disant que c'est pour obtenir de Dieu qu'il éclaire les Nicaraguayens», a déclaré le procureur aux droits de l'Homme, Omar Cabezas.

«Que ceux qui le désirent y aillent. Mais s'ils font cette marche, ce qui pourra survenir sera de la responsabilité de ceux qui l'ont organisée», a-t-il ajouté.