L'ex-otage de la guérilla colombienne Ingrid Betancourt a appelé mardi à Nicosie ses concitoyens à «l'unité» pour que la Colombie, en situation de «polarisation extrême», devienne «une démocratie réelle».

«Aujourd'hui en Colombie, la polarisation est extrême (entre les partisans du président Alvaro Uribe et ceux de la guérille marxiste). Il faut que les Colombiens apprennent à travailler dans l'unité. Il faut rassembler la Colombie dans un projet qui inclut l'autre, pour que la démocratie soit réelle», a affirmé la Franco-Colombienne, en marge d'une conférence sur le dialogue religieux.

«La Colombie vit un processus démocratique intéressant, elle doit aller plus loin», a-t-elle estimé, confirmant qu'elle n'avait pas l'intention de rentrer en Colombie pour le moment.

«Je ne veux pas participer à une démocratie qui me paraît incomplète, ni à un jeu politique basé sur la haine et le rejet de l'autre», a-t-elle expliqué, soulignant les défis auxquels doit faire face le pays: «la drogue, les paramilitaires, le vol de terre de la contre-réforme agraire».

«Je veux retourner en Colombie, mais le moment n'est pas venu», a-t-elle conclu.

L'ex-candidate à la présidentielle colombienne, enlevée le 23 février 2002, a été libérée par une opération des forces spéciales colombiennes le 2 juillet, après avoir été otage pendant six ans de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Depuis, elle réside à Paris pour des raisons de sécurité.

Interrogée sur ses multiples apparitions publiques depuis sa libération, Ingrid Bétancourt a expliqué qu'elle «préfèrerait au niveau personnel être dans l'ombre avec (sa) famille, pour (se) refaire une santé psychologique».

Mais, a-t-elle ajouté, «je suis libre parce que des gens dans le monde se sont battus pour moi. J'ai une responsabilité pour ceux qui sont encore dans la jungle».