Les choses empirent pour le gouvernement Harper dans le dossier du libre-échange avec la Colombie: s'étant aliéné les partis de l'opposition, qui l'accusent d'avoir négocié en secret et au mépris du Parlement, il ne peut plus compter sur l'appui de Washington, où le démocrate Barack Obama, opposé à un tel accord, sera en poste dans deux mois.

Le 7 juin, le ministre d'alors, David Emerson, a annoncé la conclusion des négociations sur le libre-échange entre le Canada et la Colombie. Il a aussi annoncé des ententes avec Bogota dans les secteurs du travail et de l'environnement.

 

Le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), qui réunit une centaine d'ONG, a vite souligné que le Comité permanent du commerce international en était encore à étudier l'impact d'un tel accord sur l'environnement et les droits de la personne.

En finalisant l'accord avant que le comité ait écouté les députés et experts, le cabinet Harper «a démontré son mépris de la consultation et de la transparence», a lancé Gerry Barr, président du CCCI.

»Mépris du Parlement»

La veille, le Parti libéral avait accusé les conservateurs d'avoir «manqué de respect envers le Parlement». «Ce gouvernement refuse d'écouter et il a compromis le travail du comité», a dit Navdeep Bains, critique du parti en matière de commerce international.

En réponse à un questionnaire du CCCI en octobre, le Bloc québécois a dit sa «ferme opposition à un accord de libre-échange avec la Colombie». Le Bloc estime que l'entente favorise surtout les investissements canadiens dans le secteur minier et voit la Colombie comme «la pire catastrophe de l'hémisphère en matière de droits de la personne».

Le NPD et le Congrès du travail du Canada ont lancé une campagne nationale contre cet accord, affirmant qu'il «trahit les valeurs fondamentales du Canada». Il «décriminalise le meurtre», car l'assassinat d'un syndicaliste sera passible d'une amende qui sera versée à un «fonds de coopération».

«C'est l'équivalent d'une infraction routière», a dit Peter Julian, critique du NPD en matière de commerce international.

Bush et Obama

Le président sortant des États-Unis, George W. Bush, allié de la Colombie dans la «guerre au narcotrafic», est un fervent partisan du libre-échange avec la Colombie, mais il s'est heurté à l'opposition démocrate au Congrès.

Celle-ci est braquée contre le libre-échange, surtout dans l'actuel contexte de récession, et elle s'inquiète aussi de massives violations des droits de la personne en Colombie. Barack Obama a fait campagne en promettant même de rouvrir l'ALENA, qui comprend les États-Unis, le Mexique et le Canada.

La Maison-Blanche l'a nié, mais il semble bien que Bush ait demandé lundi à Obama, en visite à la Maison-Blanche, son soutien sur le libre-échange avec la Colombie, en retour d'une aide d'urgence à l'industrie automobile en difficulté.

 

Colloque

L'accord de libre-échange Canada-Colombie fait l'objet d'un colloque aujourd'hui à l'UQAM (1440, rue Saint-Denis, salle D-R200). Les travaux commencent à 9h et se poursuivent jusqu'à 18h. Ils comprennent une conférence de presse à 12h30 et une soirée de solidarité à 19h à l'Escalier (552, rue Sainte-Catherine Est). Le colloque est organisé par le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), avec la participation de délégué-e-s de plusieurs organisations de la société civile colombienne.