Milliers de maisons endommagés, arbres déracinés, poteaux électriques renversés, l'ouragan Paloma a laissé un paysage de désolation après son passage sur la côte sud-est de Cuba avant de perdre de son intensité et devenir dimanche une tempête tropicale.

«Ouragan extrêmement dangereux» de catégorie 4 qui a dévasté samedi les Iles Caïmans, Paloma a été rétrogradé en tempête tropicale dimanche (vents à 110 km/h) après avoir frappé samedi soir la côte sud de Cuba avec la puissance d'un cyclone de catégorie 3 (vents à plus 200 km/h), selon le centre national américain pour les ouragans (NHC). Le président Raul Castro, successeur de son frère Fidel, a déclaré dans la nuit de samedi à dimanche au vice-premier ministre russe Igor Setchine, en visite éclair à La Havane, qu'il devait «se rendre après cette rencontre dans les zones les plus affectées par l'ouragan», le troisième à frapper Cuba en deux mois, selon un communiqué officiel.

La province de Camaguey (centre-est), une région agricole par où l'ouragan est entré, a été la plus touchée et commençait à évaluer l'étendue des dégâts. Paloma y a notamment arraché des poteaux électriques et des toits de maisons, déraciné des arbres et «brisé en deux» une tour de communication.

La mer a pénétré jusqu'à 1,5 km à l'intérieur des terres dans la zone de Santa Cruz del Sur, 76 ans presque jour pour jour après que cette localité côtière eut été engloutie par un raz-de-marée provoqué par un ouragan qui avait provoqué la mort de 3 000 de ses habitants.

«Je n'avais jamais encore vu une telle catastrophe. C'est comme une malédiction» pour Santa Cruz, a déclaré un pêcheur de 26 ans, Daniel Calderon.

Plus de 500 000 personnes avaient été évacuées au total de régions du centre et de l'est de Cuba dans des refuges ou chez des proches par les autorités qui n'ont rapporté jusqu'ici aucune victime. Quelque 3 000 touristes étrangers avaient eux aussi été mis à l'abri.

Si les conditions de leurs habitations le permettaient, les évacués devaient rentrer tous chez eux dimanche.

Il s'agit du troisième cyclone de la saison à frapper l'île communiste, en pleine «phase de récupération» de ses infrastructures après les dévastations causées entre fin août et début septembre par deux autres ouragans.

Paloma est «un autre coup dur pour l'économie, mais il faut l'accepter et nous remettre au travail immédiatement», a déclaré le vice-président, José Ramon Machado Ventura, venu constater les dégâts à Santa Cruz.

Gustav et Ike, respectivement ouragan de catégorie 4 et 3 lorsqu'ils avaient frappé coup sur coup Cuba, avaient fait sept morts et plus de 9 milliards de dollars de dégâts. Des centaines de milliers d'hectares de cultures avaient notamment été ravagés, entraînant une pénurie de certains fruits et légumes sur les marchés.

Plus de 2 millions de personnes avaient alors été évacuées.

Toujours très discret, Raul Castro n'avait fait aucune apparition à la télévision pendant que ces deux ouragans faisaient rage et ne s'était rendu sur les lieux du sinistre que dix jours après le passage d'Ike les 7 et 8 septembre.

Paloma a par ailleurs provoqué samedi des dégâts importants sur les Iles Caïmans, un territoire britannique, mais sans faire de victimes.

«Probablement, 90 à 95% des bâtiments de l'île de Caïman Brac sont endommagés. Certains totalement détruits», a indiqué Ernie Scott, un responsable de l'administration de l'île, en décrivant un paysage apocalyptique d'arbres et de poteaux électriques arrachés par la force des vents.