Le Venezuela continuera à acheter des armes à la Russie, la Chine et au Bélarus et à se doter de «la force suffisante» pour défendre son territoire et son pétrole de la convoitise de pays comme les Etats-Unis, a déclaré à l'AFP le général Jesus Gonzalez, responsable du commandement stratégique opérationnel vénézuélien.

«Qui veut mettre un pied ici est l'ennemi du Venezuela. Et je n'ai aucun doute que les Américains veulent venir chercher du pétrole. Nous devons nous tenir prêts: "si tu veux la paix, prépare la guerre», affirme le chef militaire.

Chargé d'analyser les besoins de la défense du pays et d'évaluer a posteriori les achats d'armement, le général est engagé dans la définition de forces armées «nettement défensives, mieux équipées et entraînées».

«Nous voulons être très forts, mais dans une direction éminemment dissuasive. Pour que tout pays du monde réfléchisse, non pas une fois, mais dix avant de venir ici», prévient-il.

Le Venezuela compte 152,561 milliards de barils de brut en réserves avérées et le gouvernement souhaite la certification de 316 milliards de barils de réserves en 2009.

«Les Etats-Unis vont en avoir besoin à un moment donné. Sans le président Chavez, les conditions dans lesquelles ils se procurent notre pétrole ne seraient pas les mêmes. J'ose affirmer que PDVSA (groupe public) aurait été privatisé et serait devenu une filiale de (l'américain) ExxonMobil», explique-t-il.

Selon le général Gonzalez, les Vénézuéliens doivent être conscients que, dans le cadre purement militaire, le pays se sentira encore menacé après la prise de fonction du président américain Barack Obama en janvier.

«Les intérêts des Etats-Unis seront toujours les mêmes. Obama va pouvoir diriger certaines choses en politique extérieure mais, par essence, les fins et les intentions de l'Etat nord-américain vont rester les mêmes: dominer le monde», ajoute-t-il.

Dans les cinq prochaines années, le Venezuela aura besoin d'«importants investissements», dit-il, pour poursuivre le renouvellement de l'armement acquis auprès des alliés russe, chinois et belarusse.

La part du budget vénézuélien consacré aux dépenses militaires en 2008 représente 1,2% du Produit Intérieur brut (PIB). En 2009, l'équivalent de 4,139 milliards de dollars sera dévolu à la défense, soit 1,3% du PIB.

Moscou et Caracas ont déjà signé entre 2005 et 2007 douze contrats d'armement d'un montant de 4,4 milliards de dollars. La Russie a notamment vendu au Venezuela 24 avions de chasse Soukhoï, 50 hélicoptères de combat et 100.000 fusils d'assaut kalachnikov - une coopération très mal vue par Washington.

La Russie a octroyé fin septembre au Venezuela un prêt d'un milliard de dollars (682 millions d'euros) pour des achats d'armes, à l'occasion de la visite du président Chavez à Moscou.

A la venue au Venezuela du président russe Dimitri Medvedev fin novembre, l'achat de tanks de type BMP3, MPR et T-72 pourrait alors se concrétiser, selon Gonzalez.

Le Venezuela a récemment acquis auprès de la Chine des radars et des avions K-8 d'«entraînement et la reconnaissance».

«Nous sommes dans la nécessité d'acheter des armes (...) Une des stratégies américaines a été de nous affaiblir militairement. Nous avons frappé à plusieurs portes et sommes arrivés à la Russie et la Chine. La Russie est une amie qui nous a tendu la main», relève le général Gonzalez.

Et dans ce contexte, l'arrivée prochaine de navires de la flotte russe de la Mer du Nord pour participer à des manoeuvres conjointes avec des navires vénézuéliens, est considérée par le chef militaire «avec un total naturel».

«L'intention est de nous rapprocher d'eux, souligne-t-il, car ce sont eux qui répondent à nos besoins de défense».