Le gouvernement et l'opposition ont conclu un accord pour mettre fin à la crise politique en Bolivie, prévoyant la tenue d'un référendum sur un projet de nouvelle Constitution défendue par le chef d'Etat socialiste Evo Morales.

Le président bolivien avait pris la tête ce même jour d'une «marche historique» de 200 km réalisée par plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, descendus des Andes pour faire pression sur le Congrès à La Paz

Les deux camps sont «parvenus aujourd'hui à trouver un accord décisif», a déclaré M. Garcia, lors d'une conférence de presse dans la capitale bolivienne, devant des parlementaires de tout bord.

Le pouvoir central se heurtait depuis des mois à l'hostilité des gouverneurs libéraux des régions prospères opposés au projet de Constitution de M. Morales qui prévoit une redistribution en faveur des communautés indigènes, dont il est lui-même issu.

La crise avait débouché en septembre sur des affrontements qui ont fait au moins 18 morts, laissant planer le risque d'une guerre civile dans ce pays de 10 millions d'habitants, le plus pauvre d'Amérique du sud.

Pour parvenir à cet accord, M. Morales a dû renoncer à la possibilité de se représenter pour un deuxième mandat dans le cadre de la nouvelle Constitution, cédant à une des exigences de l'opposition.

Cette proposition implique qu'après l'approbation éventuelle de la nouvelle Constitution, il remettrait son mandat en jeu en 2009. Il pourrait alors être reconduit dans ses fonctions jusqu'en 2014 mais ne briguerait ensuite pas de nouveau mandat.

Cela lui aurait pourtant ouvert la possibilité en cas de victoire de rester chef de l'Etat jusqu'en 2019, comme l'a rappelé le ministre de l'Agriculture, M. Carlos Romero. «Le président de la République a renoncé à cette possibilité» a affirmé M. Romero qui appartenait à l'équipe de négociateurs.

Le sénateur Luis Vasquez du parti libéral d'opposition Podemos avait indiqué un peu plus tôt que les deux camps avaient surmonté les contradictions pour «parvenir à un accord de réconciliation nationale».

Pour que la loi sur la convocation du référendum soit approuvée, il est nécessaire d'obtenir deux tiers des votes (105 de 157 sièges) au Congrès, où le parti gouvernemental, le Mouvement vers le socialisme (MAS) ne possède que la majorité simple avec 84 sièges, contre 73 pour l'opposition libérale.

Le vice-président bolivien a assuré que l'ensemble des partis avaient scellé cet accord «en présence de délégations internationales», citant notamment l'Union européenne, l'ONU, l'Organisation des Etats Américains (OEA), l'Union des Nations Sud-américaines (Unasur) ou encore l'Eglise.

Ancien chef syndicaliste devenu président de la Bolivie en 2006, M. Morales avait tenu à prendre lundi matin la tête de la puissante manifestation organisée par ses partisans, en majorité ouvriers et paysans, pour inciter le Congrès à convoquer un référendum sur la constitution le 25 janvier 2009.

Une commission parlementaire réunissant les partis de la majorité et de l'opposition était engagée dans une course contre la montre en quête d'un accord sur la convocation de ce référendum constitutionnel.

«Nous espérons que les parlementaires puissent comprendre l'effort que manifeste le peuple dans cette marche», avait déclaré le président bolivien, avant la conclusion de l'accord.

Des organisations d'habitants pro-gouvernementaux de El Alto avaient contrôlé lundi les entrées et les sorties de passagers du principal aéroport de La Paz, afin d'empêcher les parlementaires de l'opposition de partir, avant de trouver un accord.