La Havane était balayée mardi par des pluies intenses et des rafales jusqu'à 120km/h à l'approche de l'oeil du cyclone Ike qui, en route pour le Golfe du Mexique, a déjà fait 70 morts dans les Caraïbes, dont quatre la veille à Cuba.

Rues désertes, électricité coupée, édifices barricadés, habitants évacués par milliers: la capitale cubaine, qui compte 2,2 millions d'habitants, est placée depuis lundi en alerte maximale pour Ike, comme l'ensemble de l'île, et toute circulation en voiture ou à pied y est interdite sans autorisation.

Quelque 169.000 personnes ont été évacuées des zones susceptibles d'être inondées, notamment dans le quartier historique de la Vieille Havane, dans cette ville qui s'étire le long de la mer, selon la Défense civile.

Plus de 2 millions de personnes, dont 10.000 touristes étrangers, ont été au total évacuées dans l'île mais certaines ont commencé à rentrer chez elles après le passage lundi de Ike dans le centre et l'est de Cuba, où quatre personnes ont péri, notamment dans l'effondrement de leur maison. Des milliers de bâtiments ont aussi été endommagés ou détruits et de vastes zones inondées.

L'oeil de Ike devait commencer à traverser à partir de 14h00 GMT l'ouest de Cuba, entre les provinces de Pinar del Rio et de La Havane, avant de poursuivre sa route vers 18h00 GMT vers le Golfe du Mexique et l'Etat américain du Texas qu'il pourrait atteindre vendredi, selon le Centre de météorologie de Cuba (Insmet).

A 10h00 GMT, l'oeil du cyclone se trouvait à 65 km au sud de Batabano (70 km au sud La Havane) et ses vents soufflaient en moyenne à 130 km/h, avec parfois des rafales à 200 km/h, selon le Centre de météorologie qui prévoyait une «légère augmentation» de l'intensité de Ike.

«Ike est un ouragan qui s'est affaibli, mais il reste un ouragan» qui risque de causer encore des inondations côtières, a prévenu José Rubiera, directeur de l'Insmet, sur la télévision nationale.

L'ouest de Cuba, en particulier la province de Pinar del Rio et l'île de la Jeunesse, est encore sous le choc des dévastations considérables causées le 30 août par Gustav, un ouragan de catégorie 4 «qui était seize fois plus destructeur que Ike», mais n'avait fait aucun mort sur Cuba, selon M. Rubiera.

Les «mesures anticycloniques» à Cuba sont dirigées d'une main de fer par les autorités communistes et, avant le passage de Ike, il n'y avait pas eu de morts dans l'île depuis l'ouragan Dennis en 2005, qui avait fait 16 tués.

Le président cubain Raul Castro avait réuni le Conseil national de Défense et son frère Fidel, l'ancien «Lider maximo» en convalescence depuis deux ans, suivait «minute par minute» l'évolution de Ike, selon la télévision.

Dans le Golfe du Mexique, où se concentre le quart de la production américaine de pétrole (1,3 million de barils de brut par jour), le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell devait évacuer son personnel des installations off-shore et donc y suspendre ses opérations.

D'autres compagnies pétrolières, comme la britannique BP ou la française Total, envisageaient d'emboîter le pas à Shell dans cette région pétrolière où la production ne s'est pas encore relevée du passage de Gustav.

En Haïti, les fortes pluies provoquées par le passage de Ike au large de ce pays ont causé la mort de 66 personnes, la majorité dans un village balayé dans la nuit de samedi à dimanche par des trombes d'eau, selon un bilan officiel.

Dans ce pays pauvre, plus de 580 personnes sont mortes après le passage en trois semaines de trois dépressions majeures, Fay, Gustav puis Hanna.

Selon les météorologues cubains, jamais encore Cuba n'avait été frappée par deux ouragans en seulement huit jours, comme cela vient d'arriver avec Ike et Gustav.

La Fédération internationale de la Croix-Rouge a lancé mardi un appel de fonds de 3,9 millions d'euros pour «soutenir l'action humanitaire de la Croix-Rouge cubaine, confrontée à une saison cyclonique destructrice».

bur-sb/sg