(Dakar) Le président sénégalais Macky Sall a promis mercredi la fermeté de l’État face aux tensions qui vont grandissant à l’approche d’un verdict contre l’opposant Ousmane Sonko avec la présidentielle de 2024 en toile de fond.

« Je voudrais rassurer [quant au fait] que l’État est et restera debout pour protéger la Nation, la République et les institutions », a-t-il déclaré à Dakar en ouvrant un « dialogue national » censé atténuer ces tensions et associant le camp présidentiel, une partie de l’opposition, des représentants des milieux économiques, de la société civile ou des cultes.

Ce dialogue, boycotté par une partie de l’opposition, s’ouvre la veille du verdict attendu contre Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle engagé depuis des mois dans un bras de fer acharné avec le pouvoir.

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L’opposant Ousmane Sonko

M. Sonko est accusé de viols par une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser. Il crie au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle. Il risque de perdre son éligibilité.

Une vingtaine de civils ont été tués depuis 2021 dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de M. Sonko s’en rejettent la faute.  

M. Sonko a appelé les Sénégalais à manifester « massivement » après avoir été interpellé dimanche dans le centre du pays et ramené de force chez lui à Dakar où il est bloqué par les forces de sécurité.

M. Sall a exalté les valeurs de la cohésion sociale. « Adhérer à ces valeurs, c’est bannir la violence physique et verbale ainsi que les discours haineux et la stigmatisation », a-t-il dit.

« Chaque violence physique, chaque violence verbale, chaque mot de haine, chaque bien privé ou public saccagé et, au-dessus de tout, chaque Sénégalais tué constitue une blessure profonde à notre pays », a-t-il dit.

Il n’a à aucun moment cité explicitement M. Sonko.

Mais, a-t-il dit, « nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette Nation qui nous abrite tous ».

Il a paru répondre à l’opposition et aux organisations de défense des droits qui accusent le pouvoir de réprimer les libertés.

« Toute liberté a comme contrepartie la responsabilité qui en limite les abus », a-t-il déclaré.

En dehors du sort de M. Sonko, un facteur des tensions actuelles est l’incertitude entretenue par M. Sall sur sa candidature ou non à un troisième mandat. Une telle candidature fait face à une forte contestation et au reproche de violer la Constitution.

M. Sall a été vivement apostrophé sur ce thème et sur une participation inclusive à la compétition présidentielle par l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, lui-même dans l’incapacité de se présenter actuellement.

« Il n’y a pas de tabou », a dit M. Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, « on peut inscrire la question du 3e mandat dans le dialogue ».