(Libreville) La Guinée équatoriale a aboli la peine de mort lundi, en vertu d’une loi promulguée par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président de ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale parmi les plus fermés et au régime les plus autoritaires au monde.  

« La peine de mort est totalement abolie en République de Guinée équatoriale », dispose la loi du nouveau Code pénal équato-guinéen, signée par le chef de l’État, et dont le vice-président a diffusé des extraits sur Twitter.

À la télévision d’État, l’évènement a été annoncé de façon lapidaire en clôture du journal télévisé, une journaliste qualifiant l’évènement d’« historique pour notre pays ».

Les condamnés à mort en Guinée équatoriale étaient habituellement exécutés par balles par des militaires. La dernière exécution officielle dans le pays remonte à 2014, selon Amnistie internationale. Mais le régime est régulièrement accusé d’exactions par les ONG internationales.

M. Obiang, 80 ans, détient le record mondial de longévité au pouvoir, plus de 43 ans, hors monarchies.

« Je l’écris en majuscules pour sceller ce moment unique : “LA GUINÉE ÉQUATORIALE A ABOLI LA PEINE DE MORT” », a tweeté le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, l’un des fils du chef de l’État, omniprésent depuis deux ans sur la scène politique et présenté comme son dauphin.  

Préalablement adoptée par le parlement, où 99 des 100 députés siègent pour le compte du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), le parti présidentiel, la disposition entrera en vigueur « dans les 90 jours suivant sa publication au bulletin officiel de l’État », précise le texte.

Tortures et disparitions

Dans un rapport en août, l’organisation de défense des droits de la personne Amnistie internationale dénonçait la politique de lutte contre les gangs entreprise par la Guinée équatoriale qui « met à mal les droits humains », pointant des cas de détentions arbitraires, des tortures et des disparitions forcées.

« La Guinée équatoriale ignore totalement les déclarations d’Amnistie internationale sur les droits de la personne car elles manquent de fondement et de crédibilité », avait alors répondu M. Obiang.

Amnistie internationale avait estimé qu’en l’espace de trois mois, plusieurs milliers de jeunes hommes avaient été arrêtés à travers le pays.

« Sous couvert de lutte contre la criminalité, les autorités arrêtent et détiennent de façon arbitraire des jeunes, dont un grand nombre sont torturés, maltraités ou perdent la vie, ou sont soumis à une disparition forcée », avait déclaré Marta Colomer, responsable des campagnes pour l’Afrique centrale et de l’ouest à Amnistie internationale.  

Amnistie internationale dénonçait la même année la torture, la répression politique et les nombreuses violations des droits de la personne sous la présidence de Teodoro Obiang Nguema, citant notamment une loi interdisant la torture approuvée en 2006, mais qui n’a pas été appliquée.  

Une cinquantaine d’États continuent d’appliquer la peine capitale dans le monde.

En Afrique, plus de 30 pays maintiennent la peine de mort dans leur législation, même si un peu moins de la moitié ont procédé à des exécutions ces dernières années.

En Guinée équatoriale, riche en gaz et pétrole, la grande majorité des 1,3 million d’habitants vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.