(Beyrouth) Une trentaine d’ONG des droits humains préviennent mardi que les restrictions au droit de manifester et à la liberté d’expression en Égypte « pourraient empêcher une participation pleine et active » de la société civile à la COP27 prévue en novembre.

Le Caire, qui n’a cessé de museler toute forme d’opposition, de presse indépendante ou de militantisme en ligne depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2013, a déjà affirmé que les manifestations – passage obligé des sommets climatiques – seraient organisées « à l’intérieur d’un bâtiment » construit à cet effet.

« Les autorités égyptiennes doivent autoriser sans condition les manifestations et rassemblements pacifiques au moment de la COP27 », répondent mardi les 36 ONG qui signent ce texte, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch (HRW).

Depuis qu’il a pris le pouvoir – en appelant les Égyptiens à manifester par centaines de milliers pour lui « donner mandat » de renverser le président islamiste d’alors – M. Sissi a interdit les manifestations, fait réaménager les espaces publics pour y empêcher tout rassemblement et des Égyptiens sont régulièrement incarcérés pour avoir appelé en ligne à la mobilisation.

« Pour une action climatique solide et respectueuse des droits, il faut une participation pleine et active de tous les acteurs : États, militants, société civile », poursuivent les ONG, et ces conditions ne sont pas rassemblées dans un pays qui compte plus de 60 000 détenus d’opinion, selon elles.

« Les États membres de l’ONU, surtout ceux qui participeront à la COP27, doivent presser les autorités égyptiennes […] d’assurer une participation sûre et utile de la société civile pour que cette COP27 soit un succès », affirment encore les ONG.

Le Caire mise particulièrement sur l’accueil de ce sommet pour se repositionner au centre de la scène diplomatique régionale.

Si de nombreuses capitales étrangères ont félicité l’Égypte d’avoir obtenu d’accueillir la COP27 à Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, les ONG dénoncent régulièrement ce choix.  

Elles y voient « une récompense au système répressif » de M. Sissi et une légitimité internationale supplémentaire à un État englué dans le marasme politique et économique du fait de mégaprojets coûteux alors qu’un tiers de la population est pauvre et autant prêt à plonger sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.