(East London) Les cadavres de 17 jeunes, morts sans blessures apparentes, ont été découverts dimanche dans un bar de nuit informel d’un township d’East London, en Afrique du Sud, a annoncé la police locale qui enquête sur la cause de ces décès de masse.

Quatre autres jeunes qui se trouvaient dans cet établissement sont ensuite décédés à l’hôpital, selon des autorités locales. Un précédent bilan faisait état de 20 morts.

Une foule de personnes, incluant des parents dont les enfants sont portés disparus, s’est rassemblée devant le bar situé dans un quartier résidentiel pendant que des véhicules mortuaires emmenaient les victimes, selon un journaliste de l’AFP.

De hauts responsables du gouvernement se sont rapidement rendus sur les lieux, dont le ministre de la Police nationale, Bheki Cele, qui a fondu en larmes en sortant de la morgue où les corps ont été déposés.

« C’est une scène terrible à regarder », a-t-il déclaré aux journalistes. « Ils sont assez jeunes. Quand on vous dit qu’ils ont 13 ans, 14 ans et que vous y allez (à la morgue) et que vous les voyez. Ça casse ». Les victimes sont treize garçons et huit filles.

Près de la morgue, un couple qui a perdu son fils de 17 ans, confie sa détresse.

« Notre fils était là, il est décédé là. Cet enfant, nous ne pensions pas qu’il allait mourir de cette façon, c’était un enfant humble, respectueux », dit sa mère, Ntombizonke Mgangala, se tenant à côté de son mari.

Le président Cyril Ramaphosa, qui se trouve en Allemagne pour assister au Sommet du G7, a présenté ses condoléances aux familles endeuillées. Il s’est dit préoccupé par « les circonstances dans lesquelles ces jeunes se sont réunis dans un lieu qui, à première vue, n’aurait pas dû être accessible à des mineurs ».

« C’est incroyable, c’est incompréhensible, perdre ainsi vingt jeunes gens », a lâché sous le choc le chef du gouvernement de la province du Cap oriental, Oscar Mabuyane, venu dans la matinée sur les lieux de la tragédie, un simple bâtiment entouré de maisons individuelles.

Ruban d’anniversaire

PHOTO REUTERS

Des bouteilles d’alcool vides, des perruques et même un ruban violet pastel où est écrit « Joyeux anniversaire » jonchaient la rue poussiéreuse à l’extérieur de la taverne à deux étages Enyobeni, selon Unathi Binqose, un responsable du gouvernement chargé de la sécurité qui est arrivé sur les lieux à l’aube.

Les victimes ont été découvertes aux premières heures du jour dans un bar de fortune du township de Scenery Park, à East London.

« Nous continuons d’enquêter sur les circonstances de ces décès », a seulement affirmé à l’AFP un porte-parole de la police provinciale, le général Thembinkosi Kinana, sans se risquer à exprimer une hypothèse sur les causes de leur décès.

Un responsable des services de santé provinciaux, Unathi Binqose, a écarté la possibilité d’une bousculade ou d’un mouvement de foule.

La cause de la mort toujours inconnue

On ignore toujours les causes de la mort de ces jeunes gens. Ils participaient à une fête célébrant la fin de leur année scolaire.

Selon un journal local, le Daily Dispatch, les corps étaient éparpillés entre les tables et les chaises, sans signe apparent de blessure.

« À ce moment-ci, nous ne pouvons pas confirmer la cause des décès, a déclaré un porte-parole du ministère de la Santé, Siyanda Manana. Les corps ont été transportés à la morgue d’État. »

Le ministre de la Police, Bheki Cele, devait se rendre sur les lieux de la tragédie.

Le propriétaire de la boîte de nuit, Siyakhangela Ndevu, a déclaré à un diffuseur local qu’il avait été convoqué sur les lieux dimanche matin.

« Je ne suis pas encore certain de ce qui s’est déroulé. Quand on m’a appelé ce matin, on m’a dit que le bar était trop rempli et que certaines personnes ont tenté d’y entrer de force. »

Les télévisions locales diffusaient en boucle des images de la foule des familles et des badauds rassemblés aux alentours de ce bar d’East London, une ville d’un million d’habitants située sur l’océan Indien, à quelque 700 km au sud de Johannesburg.

De nombreux débits de boissons informels — surnommés « shebeens » ou « taverns » — sont autorisés ou tolérés dans les townships des grandes villes sud-africaines, ces quartiers défavorisés autrefois réservés aux non-blancs avant la fin de l’apartheid. Mais la réglementation sur l’âge légal pour la consommation d’alcool n’est pas toujours appliquée.

Les autorités envisagent désormais de revoir la réglementation sur les licences d’alcool dans un pays qui compte parmi les plus grands consommateurs d’alcool du continent.