(Durban) Le président Cyril Ramaphosa a déclaré lundi l’état de catastrophe nationale en Afrique du Sud, une semaine après les terribles inondations qui ont fait au moins 443 morts dans la région de Durban, sur la côte est, affectée par de graves pénuries d’eau et d’électricité.

« Le cabinet s’est réuni en session spéciale la nuit dernière et a décidé de déclarer l’état de catastrophe nationale », a déclaré le chef de l’État dans une allocution télévisée, évoquant « un désastre humanitaire ».  

« Ce soir, nous sommes une nation unie dans le deuil », a ajouté M. Ramaphosa qui s’était rendu sur place mercredi.  

Quelque 10 000 soldats ont été déployés dans les zones sinistrées pour prêter main-forte aux secours débordés.

Les pluies diluviennes pendant une semaine ont entraîné des crues et des glissements de terrain meurtriers. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de la ville portuaire de 3,9 millions d’habitants dans le KwaZulu-Natal (KZN), ouverte sur l’océan Indien. Quelque 48 personnes sont toujours portées disparues, selon les derniers chiffres.

Photo ROGAN WARD, REUTERS

Les secouristes restent en alerte, mais une semaine après le début de la catastrophe, l’espoir de retrouver des survivants est maigre.  

Les précipitations connaissent une accalmie depuis le week-end, et aucune nouvelle inondation n’est à craindre dans les prochains jours, selon l’Institut national de météorologie. Mais des milliers de personnes ont tout perdu dans l’effondrement de leur maison, tandis que des familles entières ont été décimées.  

Certaines zones sont privées d’eau et d’électricité depuis lundi. Des camions-citernes tentent d’acheminer de l’eau potable, mais des routes et des ponts sont toujours coupés. Des sans-abri ont entrepris de déblayer les routes contre quelques pièces réclamées aux rares automobilistes.  

Près de 80 % du réseau d’eau potable est hors service, selon les autorités locales qui ont prévenu que le rétablissement prendra du temps.

Pour la première fois lundi, un camion-citerne est apparu dans le quartier de Philakahle Khumalo, 30 ans et mère de deux enfants. Loin d’être suffisant, enrage-t-elle, décrivant des bousculades : « les gens sont désespérés ».

L’armée a notamment déployé des plombiers et des électriciens. Le soutien aérien est renforcé pour acheminer des marchandises, et des systèmes de purification d’eau ainsi que des tentes pour les sinistrés seront installés.  

Des troupes appuyées par des hélicoptères étaient déjà présentes ces derniers jours aux côtés de la police et des secouristes lors des opérations d’urgence.  

La tombe s’est rebouchée

Les secouristes restent en alerte, mais une semaine après le début de la catastrophe, l’espoir de retrouver des survivants est maigre.  

Des corps emportés par les crues ont été retrouvés en amont de barrages. Des familles cherchent encore : « on ne trouve pas le corps », dit Clyde Naicker, joint par téléphone. Il n’a pas revu son frère depuis lundi.  

Des funérailles sont organisées, mais les enterrements représentent un défi logistique. « Nous creusons les tombes et au moment de l’enterrement le trou s’est rebouché avec l’eau », raconte Nasan Chetty, de l’Association des directeurs funéraires du KZN.

Dans les morgues, les autorités tentent d’accélérer les autopsies des victimes face à l’afflux massif de cadavres. « Il y a tellement de personnes décédées, les morgues n’arrivent pas à suivre », explique Pieter van der Westhuizen, directeur des premières pompes funéraires du pays, Avbob.  

Les enfants doivent reprendre le chemin de l’école mardi après le long week-end de Pâques. Mais les autorités ont prévenu qu’au moins 270 000 élèves seront privés de classe. Plus de 600 écoles ont été touchées, près de 4000 maisons détruites et plus de 13 500 endommagées.

Les autorités s’attendent à des centaines de millions d’euros de dommages. Un fonds d’urgence de 63 millions d’euros (un milliard de rands) a été débloqué par le gouvernement, alors que la région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d’une vague inédite d’émeutes et de pillages.

Des bons alimentaires, des uniformes scolaires et des couvertures continuent à être distribués. Des dons sont collectés à travers le pays.

Des nations voisines comme Madagascar ou le Mozambique sont régulièrement frappées par des tempêtes meurtrières, mais l’Afrique du Sud est généralement épargnée par ces évènements climatiques extrêmes.