(Kampala) La faim qui sévit à travers l’est de l’Afrique risque de se transformer en « catastrophe » sans une injection urgente de fonds à l’intention des communautés les plus vulnérables, a prévenu mardi le groupe humanitaire Oxfam.

Quelque 13 millions de personnes sont gravement menacées par la faim dans la Corne de l’Afrique en raison d’une sécheresse persistante, selon l’ONU.

Seulement 3 % des 6 milliards US requis pour une aide alimentaire ont été obtenus dans un contexte de « priorités rivales », au moment où la crise humanitaire en Ukraine retient toute l’attention de la planète, a déploré la directrice générale d’Oxfam, Gabriela Bucher, depuis Nairobi, au Kenya.

« La vérité brutale est que l’Afrique de l’Est ne fait pas partie de l’agenda mondial en ce moment », a-t-elle dit. La planète risque de « rater une des crises les plus graves, a-t-elle ajouté. 2022 ne peut pas être l’année pendant laquelle des centaines de milliers de personnes meurent d’une famine évitable dans l’est de l’Afrique parce que nous n’avons pas trouvé le temps de nous en occuper ».

La Somalie, l’Éthiopie et le Kenya sont confrontés aux conditions les plus sèches depuis 1981, a indiqué en février le Programme alimentaire mondial de l’ONU. Des prévisions de précipitations inférieures à la moyenne pourraient aggraver la situation au cours des prochains mois, a dit l’agence.

Les taux de malnutrition sont élevés dans la région et la sécheresse touche les communautés rurales et agricoles.

Même si on a « l’impression que le monde brûle », les donateurs « n’ont pas à choisir. Les droits de la personne et les besoins humanitaires de tous doivent être comblés, a dit Mme Bucher. Notre monde est amplement capable d’y voir ».

La Somalie est particulièrement menacée en raison de flambées de violence et on craint une détérioration de la situation. Des centaines de milliers de Somaliens sont déjà partis de chez eux pour essayer de trouver de l’aide.

La faim avait fait quelque 250 000 morts en Somalie en 2011, quand l’ONU avait déclaré une famine dans certaines régions du pays. La moitié des victimes étaient des enfants.

Mme Bucher a demandé une injection « cruciale » de fonds en appui à ceux qui combattent l’impact de la sécheresse sur le terrain.

« Une vie en Somalie équivaut à la vie de n’importe qui d’autre ailleurs dans le monde », a-t-elle dit.