(Bangui) Un expert indépendant des Nations unies a accusé vendredi les autorités centrafricaines et les paramilitaires russes « d’entraver systématiquement le travail des enquêteurs » et dénoncé « les exactions des alliés russes contre les populations » lors d’une conférence de presse.

Cette semaine, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait une nouvelle fois mis en évidence dans un rapport les exactions commises en Centrafrique par les forces nationales et leurs soutiens étrangers, une allusion aux paramilitaires du groupe privé russe Wagner.

Mercenaires du groupe Wagner

« Il y a des blocages de la part des alliés russes » empêchant l’ONU d’« accéder aux lieux où des violations auraient été commises » ou même accomplir ses « tâches régulières », a expliqué Yao Agbetse, avocat des droits de l’homme et enseignant-chercheur originaire du Togo, à la suite d’une visite d’une semaine dans le pays.

« Cela peut laisser supposer que les entités qui procèdent ainsi ne veulent pas la manifestation de la vérité, et cela est inacceptable ». « Nous avons dit aux autorités qu’il est important de tracer une ligne rouge que les alliés ne peuvent pas franchir », a-t-il également assuré.

Dans son rapport remis mardi au Conseil de sécurité, qui couvre une période allant d’octobre à février, Antonio Guterres revient sur une opération menée en janvier près de Bria, à 600 km au nord-est de Bangui, par l’armée centrafricaine et des paramilitaires russes.  

Menée contre des rebelles présumés entre le 16 et le 18 janvier, elle a entraîné « la mort de 17 civils » et un déplacement de population, indique-t-il, sans autre détail.

Antonio Guterres indique aussi qu’à trois reprises en janvier, la Mission des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) s’est vue interdire d’accès par l’armée centrafricaine et d’« autres personnels de sécurité », « sous prétexte que les sites étaient privés ».

La Minusca compte environ 15 000 militaires et policiers, dotés d’un budget annuel d’environ un milliard de dollars.

Fin décembre 2020, une coalition de plusieurs des groupes armés qui contrôlaient alors plus des deux tiers de la Centrafrique avait lancé une offensive en direction de Bangui pour renverser le président Faustin Archange Touadéra à la veille de la présidentielle.

Le chef de l’État, à peine réélu, a alors appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie et mal entraînée et des centaines de paramilitaires russes étaient venus s’ajouter à de nombreux autres présents depuis trois ans. Des combattants de Wagner, selon l’ONU, des « instructeurs non armés » assure Moscou.

Depuis, les Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés ont regagné la majeure partie du territoire, poussant les rebelles hors des villes et de leurs principaux bastions. Ces derniers mènent aujourd’hui des actions furtives de guérilla contre les forces de sécurité et les civils.