(Johannesburg) Une société de biotechnologie sud-africaine a annoncé jeudi avoir élaboré le premier vaccin à ARN messager expérimental contre la COVID-19 sur le continent africain, à l’aide du séquençage de Moderna. La compagnie s’attend à ce que son vaccin candidat soit prêt pour les essais cliniques en novembre.

La société Afrigen Biologics and Vaccines est basée au Cap, en Afrique du Sud, et dirige le projet pilote, soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’initiative Covax.

« À l’échelle du laboratoire, nous disposons d’un vaccin que nous devons maintenant tester », a déclaré à l’AFP la directrice générale d’Afrigen, Petro Terblanche.  

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Un scientifique de la production travaillant avec des échantillons chez Afrigen Biologics, au Cap, en Afrique du Sud, le 3 février 2022.

Les tests sur les animaux commenceront le mois prochain « mais les études sur les humains ne débuteront que vers novembre 2022 », a-t-elle précisé après avoir rencontré un groupe de sponsors du projet.

Les chercheurs d’Afrigen ont séquencé le code génétique publiquement disponible que Moderna avait utilisé pour concevoir son vaccin, puis ont fabriqué l’ADN, l’ARN et leur propre produit.  

« Nous sommes les premiers à utiliser la séquence développée par l’Université de Stanford et utilisée par Moderna pour son vaccin, afin de concevoir et développer un vaccin produit à l’échelle du laboratoire », a déclaré Mme Terblanche.  

Nous avons terminé le processus de la conception jusqu’à une formule finale. C’est un petit pas mais c’est un bon début, c’est un début fabuleux.

La directrice générale d’Afrigen, Petro Terblanche

« Il s’agit de la première étape importante qui permettra aux pays à revenu faible et intermédiaire de produire eux mêmes des vaccins ».

Mme Terblanche a pris la parole après que le Medicines Patent Pool (MPP), organisation de santé publique dédiée aux brevets sur les médicaments et soutenue par les Nations Unies, eut accordé une subvention de 39  millions d’euros.

Charles Gore, directeur du MPP, a assuré dans un communiqué que son organisation était « ravie de soutenir Afrigen et ses partenaires africains afin d’accroître considérablement la capacité de fabrication locale et de réduire les inégalités flagrantes actuelles » en matière de vaccin contre la COVID-19.  

La subvention couvrira les travaux du pôle de transfert de technologie pendant cinq ans, jusqu’en 2026.   

« Nous continuerons à soutenir ce projet… il est très important pour le monde et pour l’Afrique », a déclaré l’ambassadeur de France à Pretoria, Aurélien Lechevallier, après avoir visité le laboratoire. Le gouvernement français participe au financement du pôle mis en place en juillet.  

L’Afrique est le continent le moins vacciné au monde. Plus d’un an après l’administration des premiers vaccins contre la COVID-19 et deux ans après le début de la pandémie, seulement 11,3 % des Africains ont été complètement immunisés.   

À ce jour, seulement 1 % des vaccins utilisés en Afrique sont produits sur le continent.