(Nations unies) Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a essuyé récemment un nouvel échec dans sa quête d’un émissaire pour le conflit au Sahara occidental, poste anormalement vacant depuis près de deux ans, avec le refus du Polisario d’accepter un Portugais, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques.

« Ce n’est pas le premier candidat à être rejeté » par l’une ou l’autre des parties, « c’est le nième », soupire un diplomate sous couvert d’anonymat.

Plusieurs disent non merci

Plusieurs autres personnes approchées depuis deux ans ont souvent aussi fait défaut après avoir demandé un délai de réflexion face à la gestion particulièrement difficile d’un conflit qui semble sans fin, selon la même source.

Le dernier candidat pressenti était un ancien ministre portugais des Affaires étrangères, Luis Amado, originaire du même pays qu’Antonio Guterres, selon plusieurs autres diplomates, s’exprimant aussi sous couvert d’anonymat.

En vain. Le Front Polisario l’a refusé après avoir étudié ses déclarations alors qu’il était ministre et assuré y avoir vu une inclinaison en faveur du Maroc, selon les mêmes sources.

« C’est sévère », juge le premier diplomate, tandis qu’un autre estime que le fait que sa candidature ait été endossée par Rabat « était une assez bonne raison pour les Sahraouis pour s’opposer à lui ».

Selon une source diplomatique, à l’ONU, « les Américains poussent pour que cela bouge, pour un émissaire » pour le Sahara occidental.

Un autre héritage de Donald Trump

Cette approche de la nouvelle administration américaine démocrate de Joe Biden tranche avec celle de l’ex-président républicain Donald Trump qui avait à la fin de son mandat en décembre reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

La politique du nouveau président américain et le sort qu’il entend réserver à la proclamation de Donald Trump n’ont pas été précisés à ce stade. La décision de l’ex-président n’a pas été entérinée par l’ONU qui continue de s’en tenir aux résolutions onusiennes adoptées depuis 30 ans.

La prochaine réunion du Conseil de sécurité sur ce dossier du Sahara, à huis clos, est prévue le 21 avril.

Dans le conflit du Sahara occidental, qui s’étend sur plusieurs décennies, le Polisario réclame la tenue d’un référendum prévu par l’ONU en 1991. Le Maroc, qui contrôle environ 80 % de ce vaste territoire désertique, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté.

Depuis novembre, la situation s’est tendue après l’annonce d’une rupture du cessez-le-feu de 1991 par les indépendantistes sahraouis en riposte à une opération militaire marocaine dans une zone tampon de l’extrême sud du Sahara occidental.

Début avril, Addah Al-Bendir, le chef de la gendarmerie du Front Polisario, a été tué par une frappe inédite de drone par le Maroc, selon les Sahraouis, une information qui n’a pas pu être confirmée de manière indépendante.