(Tahta) Au moins 32 personnes ont été tuées et plus de 150 blessées vendredi dans une collision entre deux trains de voyageurs près de Sohag, dans le sud de l’Égypte, pays où ce type de drame mortel est récurrent.  

Des images prises par une caméra de surveillance et vues par l’AFP montrent une collision d’une extrême violence dans laquelle un wagon est projeté en l’air, dans un immense nuage de poussière.

« Aidez-nous, les gens meurent ! », hurle un jeune homme affolé, le visage et les cheveux pleins de poussière depuis l’intérieur d’un wagon renversé, selon d’autres images partagées en direct sur Facebook.  

La scène montre des blessés et des personnes en sang, certaines visiblement coincées au milieu de débris et des sièges renversés, criant et pleurant.

« On ne peut pas sortir les gens du wagon », lance encore le jeune homme.

La vidéo qui se poursuit à l’extérieur montre des dizaines de personnes paniquées et des secouristes massés autour des wagons renversés et de débris métalliques.

D’autres images filmées à proximité des lieux de l’accident et largement diffusées par les médias locaux, montrent plusieurs wagons renversés, près d’un canal.

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« Sanction dissuasive »

« Trente-deux citoyens sont morts […] dans la collision de deux trains à Tahta, dans le gouvernorat de Sohag », à environ 460 kilomètres au sud du Caire, a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué.  

Des renforts médicaux ont été acheminés du Caire et plus d’une centaine d’ambulances ont été mobilisées pour transporter les blessés vers les hôpitaux.

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Lors d’une conférence de presse vendredi soir à Sohag, la ministre de la Santé Hala Zayed a fait état de 165 personnes blessées et hospitalisées.

Selon elle, 70 % d’entre elles souffrent de fractures.

Lors de cette conférence de presse, le premier ministre Mostafa Madbouly a annoncé que le président Abdel Fattah Al-Sissi avait ordonné un « doublement » des indemnisations prévues pour les victimes et leurs familles, soit 100 000 livres (environ 8020 dollars canadiens) pour chaque famille de personne décédée. Pour les blessés, les indemnisations vont de 20 000 à 40 000 livres (entre 1600 et 3200 dollars canadiens).

Selon lui, améliorer l’état des transports ferroviaires va « prendre du temps ». « En attendant, des accidents comme celui-ci peuvent arriver », a-t-il ajouté.

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L’Égypte est régulièrement endeuillée par de graves accidents routiers ou ferroviaires, dus à une circulation anarchique, des véhicules vétustes ou encore à des routes et des voies ferrées mal entretenues et peu surveillées.

Réagissant au drame, le président Sissi a promis que les responsables seraient punis.

« Quiconque a causé ce douloureux accident par négligence ou corruption ou toute autre raison doit recevoir une sanction dissuasive, sans exception ni délai », a écrit M. Sissi sur son compte Twitter.

Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances de l’accident.

Selon un communiqué de l’Autorité égyptienne des chemins de fer, le train Louxor-Alexandrie et le train Assouan-Le Caire roulaient sur la même voie dans le même sens.  

Individus non identifiés

Ils sont entrés en collision après que des individus non identifiés « ont actionné dans plusieurs wagons le frein de secours » dans l’un des deux trains.

La collision, qui s’est traduite par le renversement d’au moins deux wagons, s’est déroulée « entre les gares de Maragha et Tahta », a indiqué la même source, sans autre précision.

La tragédie ferroviaire la plus meurtrière de l’histoire du pays s’était produite en 2002, avec l’incendie d’un train qui avait fait plus de 360 morts à une quarantaine de kilomètres au sud du Caire.  

En février 2019, un train s’était encastré dans un mur de la gare Centrale Ramsès au Caire, entraînant une explosion et un incendie dans lesquels une vingtaine de personnes avaient péri.

Un sommet Irak-Jordanie-Égypte, qui devait avoir lieu vendredi et samedi à Bagdad où M. Sissi devait se rendre, a été annulé en raison de l’accident de train.  

La collision de vendredi à Sohag intervient au moment où l’Égypte fait face à un autre défi majeur lié aux transports : un porte-conteneurs de 400 mètres de long est coincé depuis mardi en travers du canal de Suez, perturbant fortement le fret maritime international.