(Le Caire) La militante politique Sanaa Seif, sœur d’une figure de la révolte populaire de 2011 en Égypte, a été condamnée mercredi à 18 mois de prison notamment pour diffusion de « fausses informations » relatives à la COVID-19, a-t-on appris dans son entourage.

« Le verdict de Sanaa est un an et six mois de prison. Un an pour “diffusion de fausses informations” et “utilisation d’un compte sur les réseaux sociaux en vue de commettre un crime” et six mois pour “outrage à agent de la fonction publique” », a indiqué Nabih al-Ganadi, un avocat défenseur des droits humains sur Facebook.

Mona Seif, la sœur de Sanaa, a précisé sur son compte Twitter qu’il s’agissait d’une accusation de diffusion de fausses informations « sur le coronavirus ».

Le parquet lui avait reproché d’avoir disséminé « de fausses nouvelles sur la détérioration de la situation sanitaire du pays et sur la propagation du coronavirus dans les prisons », avait indiqué le bureau du procureur en juin.

« Pays affreux », « prisons pourries »

« Ce pays affreux est déterminé à voler la vie de mon frère et de ma sœur dans leurs prisons pourries », a ajouté Mona Seif en faisant allusion à la détention du frère des deux femmes, l’ingénieur et militant Alaa Abdel Fattah, figure centrale du soulèvement populaire de 2011 qui a chassé l’ex-président Hosni Moubarak du pouvoir.  

Alaa Abdel Fattah avait été emprisonné dans un grand coup de filet après de rares manifestations contre le pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en septembre 2019. Plusieurs milliers de personnes avaient alors été arrêtées dont un nombre indéterminé libérées depuis.  

Sanaa Seif, 27 ans, monteuse de cinéma, avait été arrêtée en juin 2020, alors qu’elle se trouvait avec sa mère et sa sœur devant la prison de Tora au Caire, où est détenu Alaa Abdel Fattah.

La famille se trouvait devant la prison en espérant recevoir une lettre d’Alaa Abdel Fattah, alors qu’elle craignait une propagation de l’épidémie de coronavirus dans les prisons.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, M. Sissi mène une répression sans merci contre toute opposition. Des intellectuels et artistes sont notamment visés.

« Le verdict d’aujourd’hui est un nouveau coup dur pour le droit à la liberté d’expression en Égypte », a réagi Amna Guellali, responsable d’Amnistie internationale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Les autorités égyptiennes ont une fois de plus démontré leur détermination implacable à punir toute personne critiquant leur triste bilan en matière de droits humains », a-t-elle indiqué.