(Bangui) Les forces progouvernementales en Centrafrique poursuivent leur contre-offensive contre les groupes rebelles, avec la reprise mardi d’une ville stratégique de l’ouest du pays, sur un axe vital pour le ravitaillement de Bangui.

« La ville de Bouar a été reprise par les forces armées centrafricaines et leurs alliés », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement centrafricain Ange-Maxime Kazagui.

Les autorités centrafricaines désignent généralement comme « forces alliées » des militaires rwandais et des paramilitaires russes.

À 430 km au nord-ouest de la capitale, Bouar, cinquième ville du pays et agglomération de près de 40 000 habitants, est située sur un axe routier vital qui relie Bangui au Cameroun et que les rebelles cherchent à couper pour asphyxier la capitale

La ville abrite également le camp Leclerc, le quartier général de l’armée centrafricaine dans la région ouest,  la plus densément peuplée du pays.

Reconquête

Mi-décembre, six des plus puissants groupes armés qui contrôlaient les deux tiers de la Centrafrique en guerre civile depuis huit ans se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont lancé une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra.  

Ils avaient pris la ville de Bouar le 27 décembre, jour du premier tour de l’élection présidentielle remportée dès le premier tour par le chef de l’État sortant. Leur objectif était alors de couper l’approvisionnement de la capitale.

Le 9 janvier, la CPC avait attaqué le Camp Leclerc ainsi que la base de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), tous deux situés à la périphérie de la ville, mais ils avaient été repoussés au terme de violents combats et après une démonstration de force menée par des avions de chasse français.  

Depuis, les rebelles continuaient d’occuper le centre-ville, où des bâtiments publics et des bases d’ONG avaient subi des pillages.  

Depuis la fin du mois de janvier, les forces progouvernementales mènent une offensive pour libérer l’axe reliant Bangui au Cameroun et permettre la reprise des convois. Les villes de Boda, Boali, Bossembélé, Bossemptélé et Yaloké ont ainsi été successivement reconquises ces derniers jours.

Et lundi, après 50 jours de blocus, un premier convoi de 14 camions d’aide humanitaire de l’ONU est finalement parvenu à Bangui depuis le Cameroun sous escorte des Casques bleus.

Prix en hausse

Car de fait, sur le terrain militaire, les rebelles n’ont jamais menacé sérieusement Bangui, malgré deux attaques aux portes de la capitale le 13 janvier, vite repoussées.

Ils se heurtent à des forces bien mieux armées et équipées : quelque 12 000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de M. Touadéra et d’une armée démunie.

Alors les rebelles attaquent et parfois s’emparent de villes ou localités souvent éloignées de Bangui, en particulier le long du cordon reliant la capitale à Garoua-Boulaï, le principal poste-frontière camerounais.

Et tentent « d’asphyxier » la capitale, selon l’ONU, en menant des attaques, souvent fugaces, le long de plus de 700 km de ces routes nationales 3 puis 1 (RN1).

Bangui n’a connu aucune pénurie grave, mais les prix des produits importés, comme la farine ou les oignons, y ont considérablement augmenté. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), plus de 1600 camions sont bloqués à la frontière avec le Cameroun, dont 500 d’aide humanitaire.

Or, la quasi-totalité des marchandises importées par la Centrafrique, deuxième pays le moins développé du monde selon l’ONU et totalement enclavé au cœur du continent, arrive par la route depuis le Cameroun.