(Nairobi) Une bagarre a éclaté mercredi au l’Assemblée nationale du Kenya entre députés qui débattaient d’un projet de loi controversé sur les partis politiques, à l’approche d’élections générales prévues en août prochain.

Au moins deux députés ont échangé des coups et la séance a rapidement été suspendue par le président de la chambre basse, selon des images diffusées par une télévision kényane.

Un député, Bernard Koros, a été blessé dans la mêlée et a été vu avec du sang coulant sur le visage. Un autre a été expulsé par le président.

« Je ne peux pas accepter d’être blessé comme cela au sein de la chambre nationale, M. le président », a déclaré M. Koros, partisan du vice-président kényan William Ruto, ancien allié du chef de l’État Uhuru Kenyatta, avec qui il est désormais en conflit ouvert.

La bagarre a éclaté après des heures de débats houleux sur un projet de loi amendant la législation sur les partis politiques et modifiant notamment les modalités de formation et d’enregistrement des coalitions à l’occasion des élections.

Les opposants au projet soupçonnent le président Kenyatta et son ancien adversaire et désormais allié Raila Odinga de vouloir l’utiliser pour former une redoutable coalition en vue des élections générales du 9 août.

M. Odinga, officiellement chef de l’opposition, et M. Kenyatta ont déclaré en 2018, lors d’une poignée de main restée célèbre, une trêve inattendue, après s’être affronté l’année d’avant lors d’une présidentielle mouvementée ayant débouché sur des heurts meurtriers.

Cette réconciliation a alimenté les spéculations sur l’existence d’un pacte devant permettre à M. Odinga, quatre fois candidats malheureux à la présidentielle, de succéder à M. Kenyatta, à qui la Constitution interdit, après deux mandats présidentiels, de se représenter.

Héritiers des deux plus grandes dynasties politiques kényanes, MM. Odinga et Kenyatta ont notamment depuis travaillé ensemble à un projet de révision constitutionnelle, le « Building Bridges Initiative » (BBI), créant notamment un poste de premier ministre.

Pour les détracteurs du BBI, ce poste était promis à M. Kenyatta en cas de victoire de M. Odinga à la présidentielle. Ce projet, jugé inconstitutionnel par la justice kényane, est désormais dans les limbes.

Mais l’alliance entre les deux hommes perdure et M. Odinga assiste régulièrement aux cérémonies officielles en compagnie de M. Kenyatta, marginalisant M. Ruto, allié de M. Kenyatta lors de ses deux présidentielles victorieuses et à qui celui-ci avait promis son soutien pour lui succéder en 2022.

M. Ruto et M. Odinga ont déjà déclaré leur candidature à la présidentielle de 2022.