(Freetown) Les Sierra-Léonais ont mis en terre lundi des dizaines de personnes tuées dans l’explosion d’un camion-citerne qui a fait 115 morts selon un nouveau bilan et poussé les autorités sanitaires à demander l’aide de l’étranger pour assister des hôpitaux débordés.

Des milliers de personnes se sont pressées le long de la route sur le passage de 85 dépouilles acheminées vers un cimetière de la périphérie de la capitale.

Y ont été enterrées par le passé de nombreuses victimes de la fièvre Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et particulièrement la Sierra Leone, l’un des pays les plus pauvres au monde, a constaté un correspondant de l’AFP.

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Des travailleurs de la santé se tiennent devant les tombes de 85 victimes.

L’explosion d’un camion-citerne percuté vendredi par un autre poids lourd à une station-service dans une zone industrielle de Freetown a fait au moins 115 morts et 91 blessés, dont certains très gravement atteints, a indiqué l’Agence nationale de gestion des catastrophes dans un nouveau bilan.

Le feu s’est propagé au quartier alentour. Selon des témoins, la majorité des victimes sont des vendeurs ambulants et des motocyclistes piégés par les flammes alors qu’ils tentaient de récupérer le carburant s’échappant du camion-citerne accidenté.

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« Nous sommes ici aujourd’hui pour donner un enterrement digne à nos compatriotes morts tragiquement », a déclaré le président Julius Maada Bio aux funérailles.

Que Dieu leur accorde sa grâce, mais nous enquêterons pour connaître les causes de l’accident et empêcher qu’il ne se reproduise.

Julius Maada Bio, président

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Le président Julius Maada Bio a déposé une gerbe de fleurs devant les tombes.

« Ma famille a perdu trois des siens dans l’explosion du camion-citerne, au moins je suis heureux que le gouvernement leur ait donné un enterrement digne », a dit au cimetière Kadie Sesay, un proche de victimes.

Les autorités avaient laissé aux proches qui le souhaitaient la liberté d’enterrer eux-mêmes leurs morts.

Avant les funérailles, des milliers de personnes en deuil s’étaient rassemblées à la morgue du Connaught Hospital, l’établissement où a été admis le plus grand nombre de victimes, pour faire leurs adieux à leurs proches dans une odeur difficilement supportable et au milieu d’un important dispositif de sécurité.

Un pays éprouvé

Les hôpitaux, eux, sont dépassés par l’afflux de blessés et le manque de moyens.

« Nous avons désespérément besoin de matériel médical pour les cas critiques de brûlures », a dit à l’AFP le docteur Moses Batima, directeur général adjoint de l’Agence des fournitures médicales au ministère de la Santé.

« Nous avons besoin de liquides de perfusion, de consommables médicaux pour panser les plaies, de bandages et d’antidouleur », a-t-il précisé.

Les services hospitaliers ont puisé dans leurs réserves et du matériel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est arrivé lundi à l’aéroport, a-t-il rapporté, ajoutant que les hôpitaux bénéficiaient aussi de dons mais que cela ne suffisait pas.

« Nous appelons à l’aide la communauté internationale pour des équipements médicaux pour les cas les plus graves », a-t-il dit.

Les personnels hospitaliers sont « débordés », a déclaré le docteur Moses Batima, assurant que « certains employés en soins intensifs travaillent sans interruption depuis trois jours ».

Les noms des victimes dirigées vers d’autres hôpitaux ont été publiés à l’entrée du Connaught Hospital pour aider leurs familles à les localiser.

« Nous allons vérifier l’ADN de tous les cadavres avant l’enterrement, afin d’avoir des dossiers sur toutes les personnes décédées », a déclaré à l’AFP Sinneh Kamara, une agente des services médico-légaux.

Le président Bio a annoncé dimanche un deuil national de trois jours à partir de lundi.

La Sierra Leone, une ancienne colonie britannique de 7,5 millions d’habitants, est un des pays les plus pauvres de la planète malgré un sol regorgeant de diamants.

Son économie, gangrenée par la corruption, a été dévastée par une guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120 000 morts. Elle peinait toujours à se remettre des effets d’Ebola quand elle a été touchée par la COVID-19.