(Misrata) Les autorités libyennes, en coopération avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ont rapatrié mercredi depuis Misrata (ouest) 91 migrants nigériens, majoritairement des femmes et des enfants en bas âge, avec la reprise des vols humanitaires.

« Avec l’OIM, nous avons organisé un vol de Misrata vers Niamey au Niger […] pour le départ volontaire de 91 migrants », a indiqué le lieutenant-colonel Amine el-Turki, chargé de ces rapatriements à l’aéroport de Misrata.  

Dans ce groupe, le deuxième depuis la reprise des vols humanitaires « suspendus depuis près de deux ans », on compte « 60 enfants, 25 femmes et six hommes », a-t-il précisé à l’AFP.

Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à gagner l’Europe par la mer.

Interceptés en route pour l’Europe

Interceptés par la marine libyenne jusque dans les eaux internationales avant d’atteindre l’Europe, les migrants sont ramenés de force vers la côte puis placés en détention dans des conditions déplorables, fréquemment dénoncées par les ONG et l’ONU.  

Depuis plusieurs semaines, Tripoli fait face à de multiples critiques pour les mauvais traitements infligés aux migrants, surtout après un raid musclé lancé début octobre dans un quartier populaire de la capitale, ayant fait un mort et 15 blessés.  

Au moins 5000 personnes avaient été arrêtées, mais quelques jours plus tard, environ 2000 migrants s’étaient évadés d’un centre et six d’entre eux ont été tués par balles par des gardes libyens, selon l’OIM.

Depuis, plusieurs centaines de migrants occupent l’espace devant le bureau local du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), exigeant leur évacuation de ce pays « pas sûr ».

Les 2000 demandeurs d’asile, réfugiés et migrants africains campant depuis début octobre « dans des conditions précaires » devant un bâtiment fermé de l’ONU « ont un besoin urgent d’abris, de nourriture et de soins médicaux », a déclaré jeudi l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.

« En démolissant les abris de fortune des migrants et des demandeurs d’asile, les autorités libyennes ont créé une crise humanitaire », a déploré Hanan Salah, directrice de HRW pour la Libye.

« La Libye et les États européens doivent réagir de toute urgence à cette situation qui se détériore rapidement, car les gens sont exposés à la violence et manquent du nécessaire de base pour répondre à leurs besoins », a-t-elle dit.