(Dar es Salaam) Le gouvernement tanzanien a salué l’attribution jeudi du prix Nobel de littérature au romancier Abdulrazak Gurnah, né à Zanzibar et vivant au Royaume-Uni, en estimant qu’il s’agissait d’une « victoire » pour la Tanzanie et le continent africain.

« Vous avez sans aucun doute rendu justice à votre profession, votre victoire est celle de la Tanzanie et de l’Afrique », a déclaré sur Twitter le porte-parole du gouvernement.

À Londres depuis 50 ans

Le Nobel de littérature a sacré jeudi ce romancier né à Zanzibar, mais établi au Royaume-Uni depuis un demi-siècle, pour ses récits sur l’époque coloniale et postcoloniale en Afrique de l’Est et le destin difficile des réfugiés coincés entre deux mondes.

Né en 1948, il est le premier auteur africain à recevoir la plus prestigieuse des récompenses littéraires depuis 2003, et le cinquième du continent au total.

L’écrivain, connu notamment pour ses romans Paradise (1994) et By the sea (« Près de la mer », 2001) a été récompensé pour son récit « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents », selon l’Académie suédoise qui décerne le prix.

Ayant des origines de la péninsule arabique par sa famille, il a fui Zanzibar, archipel de l’océan Indien, pour l’Angleterre à la fin des années 60, après l’indépendance de cet ancien protectorat britannique et son union avec le Tanganyka pour former la Tanzanie, à un moment où la minorité arabe était persécutée.

S’il écrit depuis ses 21 ans, Abdulrazak Gurnah a publié dix romans depuis 1987, ainsi que des nouvelles. Son dernier ouvrage, Afterlives (« Vies d’après ») , la suite de Paradise, se déroule au début du XXe siècle à la fin de l’époque coloniale allemande en Tanzanie.

Il écrit en anglais, pas en swahili

Il écrit en anglais même si sa langue d’origine était le swahili.  

Lors de sa première interview à la Fondation Nobel, le lauréat a appelé l’Europe à changer son regard sur les réfugiés d’Afrique et la crise migratoire.

« Beaucoup de ces gens qui viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides », a affirmé l’écrivain, soulignant qu’il s’agissait « de gens talentueux et pleins d’énergie » .