(Alger) Un jeune militant et figure emblématique du mouvement contestataire du Hirak algérien, Chems Eddine Laalami, a été condamné dimanche à deux ans de prison ferme par un tribunal de Bordj Bou Arreridj, dans le nord-est de l’Algérie, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).   

Chems Eddine Laalami, dit Brahim, avait été arrêté fin juin par les gardes-côtes algériens tandis qu’il tentait de traverser la Méditerranée clandestinement pour rejoindre l’Espagne.

Il avait été placé sous mandat de dépôt le 4 juillet.

Brahim Laalami était poursuivi dans deux dossiers, pour « discours de haine, outrage à corps constitué, diffusion de fausses informations » et « incitation à attroupement non armé », a précisé le CNLD, une association de soutien.

Le parquet avait requis trois ans de prison ferme.  

Brahim Laalami, un tailleur de 30 ans, avait manifesté au début du mois de février 2019 à Bordj Bou Arreridj pour dénoncer la candidature à un cinquième mandat présidentiel de l’ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika.

Un soulèvement populaire pacifique avait éclaté peu après dans les grandes villes algériennes, forçant M. Bouteflika à démissionner deux mois plus tard.

Depuis, M. Laalami a été arrêté à plusieurs reprises, poursuivi et condamné au cours de plusieurs procès.  

Le militant s’était vu infliger trois mois de prison à l’issue de sa tentative d’émigration clandestine.

« Après avoir renoué avec l’espoir suscité par le Hirak, les jeunes sombrent dans la désillusion et le désespoir au point de tenter la “Harga” au péril de leurs vies », avait alors expliqué Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).  

Le mot « Harga » se réfère à la pratique des jeunes clandestins qui brûlent souvent leurs papiers en arrivant à destination, afin d’éviter d’être rapatriés.

Déterminé à briser le Hirak, le pouvoir algérien a interdit ses manifestations et multiplie les poursuites judiciaires contre opposants, militants, journalistes et universitaires.

Plus de 300 personnes sont actuellement derrière les barreaux pour des faits en lien avec le Hirak, selon le CNLD.